Publié le Samedi 18 juin 2022 à 12h00.

Une loi interdisant le drapeau palestinien adoptée en première lecture à la Knesset

Le mercredi 1er juin, la Knesset israélienne a adopté en première lecture un projet de loi présenté par Eli Cohen, député du Likoud, visant à interdire l’affichage de « drapeaux ennemis » dans les institutions financées par l’État israélien. Le seul drapeau explicitement mentionné est celui de la Palestine.

Après la première lecture préliminaire, la Knesset a adopté le projet de loi avec 63 voix pour et seulement 16 contre. Le prétexte est le lever d’un drapeau palestinien sur l’université Ben Gourion en mai de cette année. Le projet de loi était principalement soutenu par le Premier ministre Naftali Bennet, ainsi que par des membres des partis israéliens Yamina et New-Hope.

Lors du vote à la Knesset, Cohen a indiqué aux opposantEs au projet de loi dans la coalition à majorité arabe Joint List, dont le député palestinien Sami Abu Shehadeh, que « ceux qui se considèrent comme des Palestiniens sont invités à aller à Gaza ou en Jordanie. Je vous promets un financement pour le transport ». Avant le vote, Cohen a exprimé des sentiments anti-palestiniens similaires, en déclarant : « Toute personne […] qui se considère comme palestinienne recevra toute l’aide dont elle a besoin de notre part pour un aller simple à Gaza. »

L’importance du drapeau palestinien

Bien que le projet de loi doive passer par trois votes supplémentaires à la Knesset avant d’avoir force de loi, le soutien massif dont il bénéficie a suscité des inquiétudes parmi les PalestinienEs vivant en Israël et dans les territoires palestiniens occupés, quant à ce que cela pourrait signifier pour leur vie et leur identité en tant que PalestinienEs.

Après la Naksa (terme arabe signifiant « revers ») de 1967, au cours de laquelle Israël s’est emparé par la force militaire du Sinaï, du plateau du Golan, de Gaza et de la Cisjordanie, la politique officielle israélienne a interdit les couleurs nationales du drapeau palestinien (rouge, blanc, vert, noir). Dans les années 1980, les législateurs israéliens ont interdit les œuvres d’art considérées comme ayant une « signification politique ».

L’armée et la police israéliennes sont allées jusqu’à menacer les artistes palestinienEs qui utilisaient les couleurs du drapeau dans leurs œuvres d’art. Même les coquelicots et les pastèques étaient considérés comme une incitation et une violation de la loi israélienne. Si la loi a été abrogée après la signature des accords d’Oslo en 1993-1994, la confiscation et la criminalisation du drapeau palestinien et de ses couleurs sont restées des pratiques courantes.

Ce que cela signifie pour les PalestinienEs

Pour les PalestinienEs, le projet de loi n’est pas seulement une attaque contre leur drapeau, mais il est le symbole d’une attaque continue et systémique contre les symboles qui expriment l’identité palestinienne. Les conséquences potentielles du projet de loi sont particulièrement réelles pour les PalestinienEs de Jérusalem et ceux qui ont la citoyenneté israélienne, dont l’identité palestinienne est considérée comme une menace démographique en Israël.

Le projet de loi est considéré comme une nouvelle tentative d’effacer l’existence palestinienne dans la région. L’interdiction du drapeau dans les institutions financées par l’État ne concerne pas seulement les universités, mais s’étend également aux institutions culturelles, entre autres.

L’attaque contre le drapeau palestinien pourrait également signaler une nouvelle répression des symboles palestiniens dans la sphère numérique. Lors de l’attaque à grande échelle contre les PalestinienEs en mai 2021, les PalestinienEs sur les médias sociaux ont été témoins de la censure et de la suppression de témoignages et de documents palestiniens.

Traduction J.S.

Version intégrale (en anglais) sur mondoweiss.net