C’était plié pour le CETA, le traité de commerce entre l’Union européenne et le Canada, cela malgré la mobilisation internationale (au Canada aussi, car les syndicats s’inquiètent) contre ce texte qui remet en cause les normes sociales et environnementales, libéralise les services publics et permet aux multinationales de traîner les États devant des juges privés. Cinq ans de négociations discrètes, une approbation par les gouvernements, une signature en grande pompe, et en route pour deux ans d’application « provisoire », en attendant que les Parlements nationaux ratifient le couteau sur la gorge, car il est dur de rejeter entièrement un texte en vigueur.
Et patatras, le sol se dérobe sous leur pied ! La Belgique est une fédération (Flandre, Wallonie, Bruxelles, etc.) et les régions doivent donner l’autorisation d’approbation d’un traité au gouvernement belge. Le Parlement de Wallonie subordonne son accord à certaines modifications qui ne remettent pas en cause le traité mais visent à en limiter les dégâts. Nos camarades de la LCR belge soulignent qu’il n’y a pas d’illusion à se faire sur les dirigeants socialistes francophones à l’origine de la décision du Parlement : ce sont de fieffés serviteurs du capital... mais ils ont besoin de se redonner une image de gauche.
Comment est-ce que cela va tourner ? On n’en sait rien : tous les gouvernements européens (Hollande en premier lieu) font pression sur les Wallons qui, pour le moment, résistent avec un fort soutien populaire. Mais c’est une formidable leçon de choses pour nous.
En 1997, Jospin et le PS gagnaient les élections législatives : ils avaient annoncé qu’ils ne voulaient pas du Pacte de stabilité européen (traité d’Amsterdam) qui instituait l’austérité. En quelques jours, ils avaient renié leur parole... En 2012, Hollande annonçait qu’il n’allait pas avaler le traité budgétaire européen qui durcit le précédent. Là aussi, en quelques jours, c’est la débâcle... À chaque fois, la raison invoquée est la même : on n’a pas le rapport de forces. Ce que fait la Wallonie aujourd’hui (17 fois moins peuplée que la France !) est une leçon de choses : quand on veut, on peut ! Mais il faut une volonté politique et pas la veulerie des socialistes français à genoux en permanence devant le capital, intoxiqués par l’idéologie libérale, et qui préfèrent réprimer le mouvement social plutôt que d’en tenir compte.
Henri Wilno