Depuis plus de deux semaines, la jeunesse scolarisée a emboîté le pas aux Gilets jaunes et s'est aussi mêlée à la lutte contre Macron.
En cause, la hausse des frais d'inscription pour les étudiantEs étrangerEs, la plateforme de sélection Parcoursup et la réforme du bac, pour laquelle les élèves de seconde sont utilisées comme cobayes. Mais au-delà, notamment dans les franges les plus populaires de la jeunesse, c'est la contestation de tout un monde : celui de Macron et de sa politique en faveur des plus riches. Si on peut entendre le « Macron démission » sur de nombreux blocages routiers, les manifestations lycéennes font fréquemment la part belle au « Lycéens, Gilets jaunes, même Macron, même combat ».
Détermination des lycéenEsLes jeunes mobiliséEs ont bien compris que le combat des Gilets jaunes n'était pas une lutte antifiscale mais une guerre contre la pauvreté, menée par les couches les plus pauvres de la classe ouvrière. Et les lycéenEs y ont joint toutes leurs forces, en dépit de la répression policière et l’hostilité de l'administration des établissements. Les proviseurs empêchent les élèves de se réunir en assemblée générale, exercent toutes sortes de pressions sur les plus mobilisés et sont à la manœuvre pour faire passer canaliser la contestation dans les CVL (conseil de la vie lycéenne), souvent plus dociles que les lycéenEs en lutte. Des lycéenEs ont été séquestréEs, d'autres excluEs ou envoyéEs au poste de police par les plus zélés des proviseurs. Malgré tout, la résolution des lycéenEs reste très forte.Si l'intérêt de manifester touTEs ensemble, avec les autres lycéenEs mais aussi avec les étudiantEs et les travailleurEs, n'est pas encore évident pour touTEs, notamment en région parisienne, des tentatives de coordination inter-lycées ont lieu à l'échelle locale, comme l'Assemblée générale inter-lycée qui a réuni entre 100 et 150 lycéenEs vendredi 14 décembre à Paris. Des tentatives ont également lieu dans d'autres villes où les manifestations y sont plus massives. Les équipes mobilisées sont déterminées à reprendre la bataille après les vacances et les fêtes.
Dans les facs aussiLe mouvement dans les facs peut sembler pour l'instant moins profond que celui des lycéens. Et pourtant, de grosses assemblées générales ont pu se tenir dans les universités (Paris 1, Paris 3, Paris 4, Paris 8, Nanterre, Rennes 2, le Mirail à Toulouse, et bien d’autres) durant la semaine du 3 décembre, dans la foulée de l'acte III des Gilets jaunes. Deux assemblées générales de 2000 personnes se sont tenues à Nanterre au cours de la semaine du 10 décembre. La hausse des frais d'inscription pour les étudiantEs étrangerEs fait discuter et, dans un contexte où le pouvoir semble déstabilisé, les débats sur la stratégie à adopter pour faire réellement plier Macron étaient largement présents. Le gouvernement a dû fermer de nombreuses facs et faire annuler ou reporter un nombre impressionnant de partiels dans le cadre d'une politique de lock-out qui a, à l'heure où nous écrivons, a un peu dispersé les étudiantEs mobiliséEs. Mais rien n'est réglé car les contestations continuent. Les phases du mouvement de jeunesse semblent intimement liées aux phases du mouvement des Gilets jaunes tant ceux-ci battent le rythme de la contestation sociale depuis le 17 novembre car il s'agit là, en vérité, du même combat contre la misère. La réforme du bac, Parcoursup et la hausse des frais d'inscription pour les étudiantEs étrangers ne sont qu’un des aspects de la politique anti-pauvres de Macron.
Bastien Thomas