Sarkozy propose une énième loi sécuritaire instaurant le délit de « bande » et de « port de cagoules ». Une nouvelle diversion à la crise économique.
A l'approche des élections européennes, alors que pas une journée ne se passe sans l'annonce de licenciements et de révélations sur les cadeaux que s'octroient les patrons qui licencient, Sarkozy tente de désigner des boucs émissaires pour détourner la colère sociale.
Il existe déjà tout un arsenal législatif permettant de poursuivre les auteurs d'agressions commis à plusieurs, comme la circonstance aggravante d'actes commis « en réunion ». Sarkozy en rajoute pour stigmatiser un peu plus les jeunes des quartiers populaires, clairement visés par cette notion de « bandes ». D'après ce que l'on peut savoir du projet de loi, le seul fait d'appartenir à une « bande » constituerait un délit. Le délit de bande serait constitué dès que quelques personnes, seulement deux, connues pour avoir des liens réguliers, auront des « visées agressives ». Cela revient à criminaliser un acte non commis et serait pire que l'« association de malfaiteurs » qui repose, elle, sur des faits concrets. C'est un délit d'intention sur des faits non objectivables puisqu'ils n'existent pas. Cela se rapproche du « délit de faciès » puisque c'est l'interprétation subjective des policiers qui vaudra une éventuelle mise en examen. Quand on sait comment la police se comporte vis-à-vis des jeunes des quartiers populaires, notamment en les contrôlant plusieurs fois par jour1, on imagine les pressions supplémentaires que va permettre cette nouvelle loi. Le projet de loi vise aussi ceux qui manifestent car se rendre en groupe à une manifestation pourra aussi rentrer dans ce délit.
Depuis 2002, seize lois sécuritaires ont été votées, créant à chaque fois de nouveaux délits visant principalement les pauvres, les jeunes des quartiers populaires et tous ceux qui résistent aux politiques libérales et réactionnaires. En un an, les chiffres officiels indiquent une augmentation de 32% du chômage des 18 à 25 ans. Ceux qui travaillent sont les premiers licenciés car ils sont majoritairement intérimaires ou CDD. Au lieu de prendre en compte la situation de cette jeunesse, cette loi renforcera sa mise à l'écart.
1. Un rapport de la très officielle Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) dénonce les multiples « violences illégitimes » de la police envers les moins de 18 ans (fouilles à nu, gardes à vue, etc.).