Un rapport de l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (INJEP) sorti le 4 décembre dresse un tableau alarmant : 23 % des jeunes sont dans une pauvreté extrême, les autres sont condamnés à la précarité et/ou à vivre chez leurs parents.Le rapport affirme que la pauvreté touche plus particulièrement la jeunesse non diplômée et que les diplômes restent une protection importante contre le chômage, notamment pour décrocher un CDI. Les chercheurs admettent que la situation est encore pire avec la crise économique. Avec l'augmentation importante du chômage et des licenciements, qu'on ait un diplôme ou pas, de toute façon on ne trouve pas de boulot. C'est exactement ce qu'il se passe dans les pays plus touchés par la crise : en État espagnol ou en Grèce, les jeunes (diplômés ou non) sont obligés de quitter le pays pour avoir une chance de travailler.Est-ce la faute à pas de chance ? En réalité non, c'est dû à la politique consciemment menée contre la jeunesse. La classe dominante cherche depuis des années à précariser les jeunes afin de les rendre corvéables à merci une fois dans le monde du travail. Elle consiste à casser les diplômes en tant que protection collective pour les futurs travailleurs. Cela passe par exemple par la professionnalisation des diplômes, la mise en concurrence des formations, une place plus importante accordée au patronat dans l'élaboration du contenu des diplômes… Il est de plus en plus difficile pour les jeunes d'obtenir un diplôme de qualité, qui leur garantit un certain nombre de droits dans le monde du travail.Priorité… à la précarité !La situation des jeunes est déjà alarmante mais elle va s'aggraver, étant donné la politique que le gouvernement Ayrault compte mener à l'égard des jeunes. Elle s'articule en deux axes : continuer la destruction du service public d'enseignement et rendre encore plus précaires les jeunes. Preuve en sont les premières mesures mises en place par Hollande : création de nouveaux contrats jeunes (contrats de génération et « emplois d'avenir »), augmentation du nombre d'apprentis dans le cadre du pacte de compétitivité… La nouvelle loi sur les universités qui va arriver en début d'année met principalement l'accent sur l'ouverture des universités aux patrons et sur la nécessité de favoriser l'alternance ! La jeunesse est définitivement la priorité du gouvernement, mais pas dans le sens de l'amélioration de conditions de vie…Si l'on voulait vraiment aider les jeunes à sortir de la pauvreté, on créerait une allocation d'autonomie financée par des cotisations sociales pour permettre à chaque jeune de vivre décemment. Si on voulait vraiment améliorer le sort des jeunes, on mettrait en place des diplômes de qualité reconnus dans toutes les conventions collectives. Si on voulait vraiment aider les jeunes à trouver du travail, on diminuerait le temps de travail pour supprimer le chômage. Mais pour cela, n'attendons pas de Hollande qu'il le fasse : imposons-le par la rue !Mina Deneuf
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