Publié le Jeudi 25 janvier 2024 à 08h00.

« Réarmement civique » : La jeunesse ne se laissera pas museler par Macron

Alors que la précarité étudiante reste criante — en témoigne la longueur des files d’attente lors des distributions alimentaires ainsi que les études menées par l’Observatoire de la vie étudiante ou encore le syndicat étudiant Fage —, le président de la République promet à sa jeunesse un « réarmement civique » lors de sa conférence de presse du mardi 16 janvier.

Alors que 20 % des étudiantes se privent de plus de 3 repas par semaine, l’inquiétude de Macron vise « l’incivilité et la délinquance ». Il n’a pas manqué de mépris et de paternalisme face aux jeunes révoltéEs de juin 2023, en justifiant ces événements par l’exposition aux écrans et à l’ennui, niant toute légitimité à la colère d’une jeunesse stigmatisée et violentée. 

Des attaques sur l’éducation et les conditions de vie

Uniformes scolaires, généralisation du SNU, apprentissage obligatoire de la Marseillaise, classes et lycées engagés… La réponse semble claire, la jeunesse doit être contrôlée, muselée. Et pour cause, il ne cesse de l’attaquer. Cette année encore, tandis que l’état des résidences étudiantes se détériore 1 encore et toujours, mettant en danger la santé des étudiantEs, les résidentEs se voient obligéEs de quitter leur domicile durant la période des jeux Olympiques. La réquisition des logements, retoquée grâce à la procédure entamée par le syndicat Solidaires 2 contre la réquisition de 3 000 logements Crous, passe finalement en force grâce au mépris du Conseil d’État. Le problème ainsi balayé, les étudiantEs peuvent se consoler grâce aux deux billets leur donnant accès aux JO, ainsi qu’aux 100 euros de dédommagement. 

Mais pour ses vœux, le président ne s’arrête pas là. Le niveau des élèves, l’autorité des professeurEs ou encore « force de l’enseignement laïc et républicain » sont des sujets mentionnés comme étant de réels enjeux pour l’année 2024. Pourtant, la réalité des prochains mois c’est la suppression de postes d’enseignantEs, la persistance — voire le renforcement — de fortes inégalités scolaires, et une réforme du lycée professionnel réduisant encore les possibilités d’accompagnement des élèves par leurs professeurEs et augmentant le temps de travail en entreprise. 

Uniforme, SNU…

Le gouvernement multiplie les initiatives (obligation de formation 16-18 ans, ­dédoublement des classes de CP et CE1 en zones REP) nourrissant ses prétentions en faveur de l’égalité des chances. L’annonce des expérimentations menées autour du port de l’uniforme scolaire est l’une d’elle. La multitude des dispositifs de ce type apparaissent alors comme des fausses solutions aux inégalités scolaires, participant ainsi au maintien de la position française au sein de l’OCDE. En France, l’écart de réussite scolaire entre les enfants les plus défavorisés et ceux issus des familles les plus riches est parmi les plus importants. L’uniforme est aussi un moyen de contrôler la jeunesse jusque dans la manière de s’habiller, et ce dès le plus jeune âge. La généralisation du SNU est un autre coup de massue contre les jeunes et nos parcours scolaires, petit à petit balayés de toutes perspectives d’émancipation.

Face à son projet d’ordre, de morale, d’autorité et de mérite, construisons le nôtre, pour une jeunesse qui puisse (se) découvrir, s’émanciper, mais surtout se révolter face à ce vieux monde et à l’ordre établi.

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  • 1. https://www.streetpress.com/sujet/1695630612-etat-abandonne-residences-universitaires-logements-crous-etudiants
  • 2. Sur la base d’un mail du Crous envoyé aux étudiantEs en mai 2023, le syndicat Solidaires avait entamé une procédure judiciaire contre la réquisition de 3 000 logements Crous.