Depuis plusieurs mois, on assiste à une légitimation de l’homophobie par le débat autour du « mariage pour tous ». De la part des opposantEs, ce débat laisse penser qu’il est possible et même acceptable de défendre une discrimination légale à l’encontre d’une catégorie de la population, avec des arguments essentialistes sexistes, ou religieux (car sur ce sujet, il semble que la fameuse « laïcité républicaine » ne s’applique pas…).La conséquence concrète de cette libération de la parole homophobe en France, dans les médias et dans la rue, c’est l’explosion des appels reçus par la ligne d’écoute de SOS Homophobie. Le harcèlement psychologique subi par les lesbiennes et les gays, avec des injures collées sur les murs et en prime time à la télé, n’a pourtant pas provoqué de violences de leur côté. Les manifs pour l’égalité des droits sont restées joyeuses et positives. On ne peut pas en dire autant du camp de la haine, qui après les violences contre les Femen en novembre, ont il y a quelques jours saccagé la devanture du Printemps des associations LGBT, événement annuel de l’inter-LGBT, et passé à tabac deux couples homosexuels. Le groupuscule d'extrême droite, le GUD, a également édité des visuels appelant à des agressions homophobes en marge des Marches des fiertés à venir.
Réactions contre la réaction !Lancée par Act-Up, la réaction a pris la forme mercredi 10 avril d’un rassemblement de masse à Paris contre l’homophobie. Avec une place de l’Hôtel-de-Ville noire de monde (5 000 personnes), preuve a été faite qu’il est possible de mobiliser massivement et très rapidement sur le sujet, puisque l’appel n’était sorti que l’avant-veille. Mais, face à ces violences, il ne suffira pas de rassemblements de réaction. Il faut développer, dans le mouvement LGBT et au-delà, l’autodéfense et la protection collective. Seule la solidarité active de notre camp social pourra constituer un réel barrage à la vague homophobe qui s’abat sur le pays, avec l’indulgence de ce gouvernement.
Chloé Moindreau