Hollande a promulgué la loi sur le mariage pour tous le 18 mai, au lendemain de la journée mondiale de lutte contre l’homophobie. Une « provocation » pour Frigide Barjot, qui manifestera… le jour de la Fête des mères. Pourtant, l’égalité réelle ne naîtra pas de quelques lignes au Journal Officiel.
Le 26 mai, l’ultime « manif pour tous » ?
Pour l’égérie des réacs, le simple droit au mariage et à l’adoption constitue « un bouleversement majeur de civilisation ». Car voyez-vous, les enfants perdront des repères essentiels : avec deux mères ou deux pères, en rentrant du boulot, qui préparera le repas et qui mettra les pieds sous la table ?Un communiqué de la « Manif pour tous » donne le ton : « Nous continuerons sans relâche à défendre le mariage homme-femme, la filiation père-mère-enfant, et les familles, cellules de base de toute société ». Entre les appels de Boutin à la « résistance » et les propos de Chatel qui ne croit pas « qu’on reviendra en arrière » par rapport à la loi, l’unité des opposants à l’égalité se fissure. Mais un climat nauséabond s’est installé, que seule la mobilisation de la jeunesse et du monde du travail pourra dissiper.
Homophobie et transphobie 365 jours par anDepuis décembre, l’agitation des réactionnaires et des cléricaux donne une visibilité médiatique à des violences vécues la plupart du temps dans le silence. D’après son rapport annuel1, SOS Homophobie a reçu 1 977 témoignages en 2012, soit une hausse de 27 % par rapport à 2011, qui font état d’insultes, de discriminations, de menaces et d’une agression physique tous les trois jours. Le rapport démontre que l’homophobie est une oppression permanente, qui s’exprime sur internet, dans la famille, dans les lieux publics, à l’école ou au travail.Il y a derrière les statistiques des réalités vécues au quotidien, comme l’illustre le récit d’un jeune qui a tenté de se suicider après avoir été harcelé sur les réseaux sociaux et au lycée, ou celui d’une employée de grande surface licenciée après avoir résisté à des insultes homophobes sur son lieu de travail. Par ailleurs, l’enquête de l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne, menée auprès de 90 000 personnes LGBT, montre que la moitié des répondants se sont sentis discriminés ou harcelés durant les 12 derniers mois.
Marches des fiertés : toutes et tous ensemble !Dans le monde entier, les marches des fiertés commémorent la révolte de Stonewall en juin 1969, durant laquelle des milliers de LGBT new-yorkais ont refusé de baisser la tête et de se laisser faire. Cette année, les marches auront une importance particulière. Elles nous permettront de poursuivre la lutte, notamment pour l’accès de toutes les femmes à la procréation médicalement assistée. Elles serviront aussi à dénoncer la politique d’austérité du gouvernement et à exiger que les mesures les plus urgentes contre l’homophobie et la transphobie soient dotées de moyens budgétaires.Ces marches sont notre prochaine occasion de reprendre la rue aux forces politiques situées dans le camp des possédants et des défenseurs de cette société, et de prouver que le combat contre les préjugés de division est l’affaire de toutes et tous. Ne la laissons pas passer !
Gaël Klement et André Slava1. www.sos-homophobie.org/rapport-annuel-2013