A partir de la mi-mai commencera le mois des fiertés, qui s’étendra en réalité jusque début juillet. La marche des fiertés parisienne (ou Pride) aura lieu le 26 juin. Celle-ci est habituellement la plus grande manifestation en France, réunissant chaque année environ 500 000 personnes. Et pourtant, celle-ci fait face à de nombreuses critiques non sans raison. Les marches qui sont censées commémorer les émeutes de Stonewall sont aujourd’hui remplies de chars marchands, ainsi que la présence des flics comme si ceux-ci pourraient être de notre côté.
Un deuxième mois des fiertés sous COVID
Pour la deuxième année consécutive, les Pride tombent en pleine crise sanitaire. Or, cette crise sanitaire a touché en particulier nos communautés d’un point de vue sanitaire, mais aussi social puisque nos lieux de vie, nos lieux communautaires ont dû fermer. D’un point de vue sanitaire, alors que la lutte contre le VIH commémore ses 40 ans, les taux de dépistages ont fortement baissé, ce qui inquiète nos communautés. On le sait, le renfermement sur la cellule familiale pour nombre de LGBTI peut être désastreux, surtout que nous sommes aussi plus touchéEs par les problèmes de santé mentale, de suicides ou de tentatives de suicide. Mais avec la crise économique c’est aussi pour nos communautés précaires des conséquences matérielles : des pertes de logements, de salaires, l’incapacité de pouvoir se nourrir correctement, ... Avec cette crise c’est aussi un durcissement des marqueurs de la situation politique qui existait précédemment : la montée de l’extrême droite, une offensive réactionnaire d’ampleur qui se cristallise autour de l’islamophobie. Pendant ce temps-là, alors que le gouvernement Macron instrumentalise les LGBTI comme les droits des femmes, il n’a rien fait pour les LGBTI, même pas la PMA (au rabais) qu’on attend toujours au calendrier de l’Assemblée Nationale, après avoir été rejetée au Sénat.
Notre seule fierté, c’est de lutter
Effectivement, le pinkwashing a bon train et ceux qui sont taxés d’homophobes ce sont en général les personnes racisées, en particulier musulmanes ou bien certains pans du mouvement ouvrier. Alors que nous subissons des LGBTIphobies d'État, ce dernier tente d’instrumentaliser les mouvements sociaux à partir de ces questions, comme cela s’est passé lors du mouvement des gilets jaunes, accusé d’être homophobe et sexiste !
Les oppressions que nous subissons ne doivent pas être instrumentalisées à la faveur des politiques bourgeoises. Nous, LGBTI et prolétaires, avons beaucoup plus à gagner à l’unité de notre classe. Car c’est ce système capitaliste qui nous opprime. Si notre classe apparaît parfois transphobe, homophobe, il n’est pas question de s’y résigner. Nous devons agir chaque jour aux côtés de nos collègues pour repousser les idées réactionnaires. Mais plus que ça, nous affirmons que le mouvement ouvrier a une responsabilité dans cet état de fait et d’ailleurs dans la montée des idées réactionnaires. Oui il n’est plus question de laisser les questions LGBTI aux associations qui n’ont pour seule stratégie du lobbying parlementaire. Cette stratégie est perdante et nous n’en voulons plus.
Notre lutte ne doit laisser personne de côté. Ni les jeunes qui subissent l’oppression à l’école comme au domicile, ni les travailleuses et travailleurs harcelé.e.s ou licencié.e.s en raison de leur orientation sexuelle ou de leur genre, ni les sans-papiers en proie aux violences dans leurs pays de naissance comme en France.
En tant que LGBTI, nous nous devons d’être internationalistes, anti-impérialistes, car il n’existe pas de pays terre promise où nous serions protégé.e.s des oppressions. Nous ne pouvons pas être insensibles aux personnes LGBTI brûlé.e.s vives et vifs en Lettonie comme au Sénégal. Nous ne pouvons fermer les yeux sur les lois qui criminalisent l’homosexualité, la transidentité, imposées aux pays colonisés par les empires occidentaux. De l’air, de l’air, ouvrons les frontières !
Notre histoire, notre futur
Notre histoire est internationale, elle est celle de la première Pride de 1970, organisée en référence aux émeutes de New-York dans le bar le StoneWall In en 1969. Mais avant cette date, d’autres révoltes ont eu lieu comme en 1959 avec des femmes trans, auxquelles la première marche des fiertés a emboîté le pas, à Londres, puis Paris. En Mai 68, le Comité d'action pédérastique révolutionnaire, Gay Liberation Front (GLF), le Mouvement de libération des femmes (MLF) créés des liens. Les lesbiennes prennent part aux luttes pour l’avortement, s’engagent face à l’épidémie du SIDA. La lutte s’organise et se diffuse et permet d’obtenir, en 1990, le retrait de l’homosexualité des maladies mentales.
La Pride de 1985 à Londres s’ouvre sur le cortège des mineurs en grève sous Thatcher. Les associations de trans, de gays et de lesbiennes qui ont rassemblé une caisse de grève importante pour soutenir les mineurs découvrent la force de la solidarité dans un contexte terrible d’émergence du SIDA et d’une politique libérale qui ne retient pas ses coups. C’est par ce type de luttes collectives, illustrée en point d’orgue par des Pride, que nous entendons construire un mouvement d’ensemble. C’est de cette façon que nous créerons un réel rapport de force face au patronat et à la politique réactionnaire qu’il nous impose.
Depuis 10 ans, les sous-fifres du MEDEF nous promènent de promesses de campagne pour la PMA en reculs devant LMPT, parce que leur politique « sociale » n’a pas de colonne vertébrale. Le mariage pour tous ne coûtait pas grand-chose, alors il a été adopté. En revanche, lorsque nous exigeons la prise en charge de la PMA par la sécurité sociale pour les personnes trans et pour toutes les femmes, c'est une autre histoire. Nous ne pouvons avoir aucune confiance dans le réformisme pour conduire les changements auxquels nous aspirons.
C’est pourquoi nos luttes s’inscrivent dans une perspective révolutionnaire. Pourquoi se battre pour la PMA si c’est pour laisser à nos enfants un monde capitaliste pourrissant ? Nous souhaitons gérer nous-même nos outils de travail, notre temps de travail, nos familles, ainsi que l’ensemble de la société. Nous allons chercher des victoires matérielles, nous voulons décider par nous-mêmes et pour nous-mêmes. Nous ne voulons pas de vieux hommes blancs bourgeois qui mettent nos vies aux pas. Tout, tout, nous voulons tout !
Alors que la marche lesbienne a réuni presque 10 000 personnes le 15 avril, nous voyons bien qu’il y a une disposition à la lutte des LGBTI, mais celle-ci doit faire partie intégrante de la lutte de classes et s’adresser à l’ensemble des oppriméEs et des exploitéEs. Refusons les flics et le capitalisme dans nos manifs, mais unissons-nous pour arracher des victoires, dégager le gouvernement et faire reculer l’extrême droite !
Nous revendiquons :
- La PMA pour touTEs, gratuite et acessible
- La lutte contre l’extrême droite et l’offensive réactionnaire
- La lutte contre le gouvernement Macron et sa politique réactionnaire
Nous nous retrouverons le samedi 26 juin à Paris pour une Marche des Fiertés revendicative et lutte de classes !
Trans, pédés et gouines prolétaires de tous pays, unissons-nous !