Publié le Mercredi 29 novembre 2023 à 16h00.

TDoR : honorer les mortEs, se battre pour les vivantEs

Plus d’une quarantaine de rassemblements pour la journée du souvenir trans (TDoR) ont été organisés en France cette année pour rendre hommage à toutes les personnes trans disparues, assassinées ou poussées au suicide. Des évènements privés ont également eu lieu dans d’autres villes, comme Dijon.

Pour rappel, entre octobre 2022 et septembre 2023, l’ONG Transgender Europe recensait 327 assassinats de personnes trans dans le monde, et un total de 4 369 entre 2008 et 2022. Les personnes trans sont aussi plus susceptibles de connaître la misère et la précarité. Elles sont deux fois plus nombreuses à vivre dans la pauvreté que la population générale, et le taux de suicide des personnes trans est sept fois plus élevé.

Premier TDoR à Orléans et Saint-Brieuc

Ces rassemblements ont regroupé de plusieurs dizaines à plusieurs centaines de personnes comme à Rennes ou bien à Lille. Certaines villes ont connu leur premier TDoR à l’image d’Orléans ou Saint-Brieuc. À Paris, le rassemblement pour le TDoR était organisé par Acceptess-T et le FLIRT.

Devant plusieurs centaines de personnes, des prises de parole se sont succédé, évoquant les conditions de vie précaires des personnes trans, l’intersection entre les différentes oppressions (racisme, sexisme, validisme, etc.) et la transphobie, dénonçant le projet de loi Darmanin sur l’immigration ou la loi de 2016 de pénalisation des clients. De nombreux témoignages de proches de personnes trans disparues ont également marqué la soirée.

L’autre élément marquant de cette année, c’est l’appel de la CGT1 et de Solidaires2 à participer au TDoR. Dans plusieurs rassemblements, les organisations syndicales ont ainsi pris la parole. Cela marque un tournant dans le sens où le mouvement trans s’est longtemps construit en parallèle du mouvement ouvrier, en raison de l’exclusion massive des personnes trans du salariat, et par conséquent, de l’investissement de ces dernières dans les secteurs informels de l’économie comme le travail du sexe.

Avec la simplification du changement d’état civil obtenue en 2016, la simplification de l’accès aux parcours de transition, la plus grande visibilité liée aux questions trans, une nouvelle génération de personnes trans investit le mouvement social, les collectifs féministes, les organisations syndicales et politiques.

Convergences avec le mouvement syndical à construire

Cette convergence a commencé à se mettre en œuvre lors du dernier ExistransInter3, avec la présence d’un cortège intersyndical comprenant Solidaires, la FSE (Fédération syndicale étudiante) et le STJV (Syndicat des travailleurs et travailleuses du jeu vidéo) ou l’appel de l’Organisation de solidarité trans à reconstruire les syndicats. 

Il s’agit de l’encourager, de l’amplifier. En 2024, l’ExistransInter sera de nouveau organisé à l’automne, le 12 octobre. Nous avons un an pour construire cette échéance, pour que le mouvement social s’empare des revendications des personnes trans, pour construire un mouvement de masse alors que l’offensive transphobe est là. Il y a urgence !