C’est le monde à l’envers... Lundi 6 mars devant le TGI de Paris, un promoteur immobilier réclamait des dommages et intérêts exorbitants à Droit au logement (DAL) et à deux militants de Jeudi Noir (faute de pouvoir poursuivre l’association !).
Leur crime ? Avoir soutenu fin décembre 2012 une soixantaine de personnes mal-logées, dont une trentaine d’enfants, qui ont occupé un immeuble quasi inoccupé depuis deux ans situé au 2 rue de Valenciennes dans le 10e arrondissement.
Cette lutte a porté ses fruits puisque la plupart des occupants initiaux qui le souhaitaient ont été relogé en HLM et le site sera transformé en logements sociaux, la mairie de Paris ayant préempté l’immeuble avant de l’acheter définitivement en 2015. Empochant ainsi 6,5 millions d’euros, le promoteur a revendu cet immeuble deux fois plus cher qu’il ne l’avait acquis en 2004 via une société hollandaise créée pour placer ses profits...
Un requin de l’immobilier
Malgré cette coquette somme, le promoteur s’acharne depuis quatre ans pour frapper le DAL au portefeuille en réclamant des sommes extraordinaires. Dans un premier temps, il demande 2,7 millions d’euros de dédommagement, dont 500 000 euros de « préjudice moral » pour avoir été dénoncé comme « un spéculateur et un défiscalisateur ».
À l’ouverture du procès, il a revu ses prétentions à la baisse mais réclame encore 800 000 euros. Une somme colossale pour l’association qui dispose d’un budget annuel de 180 000 euros alimentés par des dons. Comme le déclare l’avocat du DAL, « On est face à un professionnel de l’immobilier qui prend cette affaire pour essayer de liquider le DAL et toutes ces associations qui sont là pour soutenir les personnes dans le besoin ».
L’individu est l’un de ces requins qui ont fait fortune pendant les années d’intense spéculation immobilière en Espagne, précipitant des centaines de milliers de familles espagnoles dans le surendettement et conduisant au krach immobilier de 2008.
Le jugement sera rendu le 15 mai. Nous assurons le DAL et les deux militants de Jeudi noir de notre totale solidarité.
Christine Poupin