Publié le Vendredi 23 mai 2025 à 17h00.

Saint-Denis. Des femmes sans logement, sans solution

Réduire à l’errance des femmes et des enfants, à bout de forces, est inacceptable. À Saint-Denis, une dizaine de femmes accompagnées d’enfants et de bébés sont à la rue. Constituées en collectif, Hébergement 93, elles n’ont que des habitantEs et des étudiantEs de Saint-Denis comme soutien.

Elles ont dû quitter le hall de l’hôpital Delafontaine qui les a hébergées pendant les longs mois d’hiver, et depuis le 21 avril elles errent de lieu en lieu, manquant de tout. La municipalité de Saint-Denis a fait, à chaque fois, intervenir la police municipale pour les chasser de chaque refuge qu’elles se sont trouvé : la bourse du travail de Saint-Denis, le gymnase Bacquet, le bassin de la Maltournée au bord du canal, où a convergé la manif du 1er Mai pour les assurer de son soutien, puis l’université de Paris 8 où elles ont occupé deux salles. 

L’université Paris 8 a d’abord prétendu comprendre leur situation. Mais les actes n’ont pas suivi. La fac a été fermée aux étudiantEs, et les vigiles (entreprise privée) ont été chargés d’empêcher l’entrée de personnes venues exprimer leur solidarité, mais surtout empêcher que leur parvienne toute nourriture ou produits d’hygiène. Ce siège, digne du Moyen Âge, a créé les conditions pour qu’au bout de deux jours, l’arrivée de la police fasse sortir les familles. 

Pour beaucoup d’entre elles, à l’origine de leur situation, il y a le rejet par la préfecture de leur demande de titres de séjour, bien qu’elles aient un ou plusieurs enfants nés en France.

Au lieu de les considérer, elles et leurs familles, ainsi que celleux qui ont plus récemment rejoint leur collectif, Hébergement 93, comme des habitantEs de Saint-Denis qui ont besoin de solidarité pour surmonter leurs difficultés administratives, la municipalité les rejette de manière répétée. 

La municipalité de Saint-Denis et la préfecture du 93 refusent de pallier les conséquences de l’exclusion et du mal-logement. Elles s’acharnent à ignorer celles qui en sont les victimes et les condamnent à la rue. 

Une municipalité solidaire se donnerait les moyens d’une tout autre politique : réquisitionner des locaux vides pour les mettre à l’abri, les accompagner dans leurs démarches administratives et leur faciliter l’accès aux soins dans les centres de santé municipaux, trouver des places en crèche pour les bébés… De toute évidence, seule une mobilisation large pourra porter et imposer ces revendications.