Publié le Mercredi 24 février 2010 à 13h19.

Bagnolet : une expulsion indigne

La solidarité s’organise autour des 40 personnes expulsées le 10 février à Bagnolet. Une expulsion d’autant plus intolérable qu’elle est l’œuvre d’une mairie communiste. Le mercredi 10 février à 6 heures, plus de quarante personnes ont été expulsées par la police d’un immeuble appartenant à la mairie au 92 rue Victor-Hugo, à Bagnolet. Elles ont trouvé refuge dans les locaux de la Confédération paysanne après avoir été une seconde fois expulsées d’un gymnase et que les tentes données par le Droit au logement (DAL) eurent été saisies par la police. Qu’une mairie communiste (la majorité municipale est composée du PC, du PG et de LO) expulse des habitants sans s’assurer de leur relogement est indigne des idéaux qu’elle prétend défendre. Qu’elle le fasse en plein hiver, sans donner le temps aux occupants de récupérer le peu de biens qu’ils possédaient, est ignoble. En effet, trois heures après l’intervention de la police, la mairie a envoyé un tractopelle pour détruire l’immeuble, emportant dans les gravats les vêtements, les affaires personnelles et des papiers qui leur manqueront cruellement pour leurs démarches administratives. Dès le lendemain, pour justifier ces méthodes brutales, la municipalité a diffusé dans toutes les boîtes aux lettres de la ville une déclaration précisant que la trêve hivernale ne « s’applique pas aux occupants sans titre », qu’elle accusait par ailleurs d’être responsables du trafic de drogue du quartier. Une autre déclaration est diffusée le vendredi 12 février, irresponsable car essayant de monter les habitants du quartier contre les occupants du squat. Tout en dénonçant la politique du gouvernement en matière de logement social et de stigmatisation des quartiers populaires, la déclaration de la mairie instille son venin en faisant des amalgames dignes de la droite la plus réactionnaire. On peut y lire que la politique du gouvernement « conduit certaines personnes à s’enfoncer dans la délinquance et à s’affranchir des lois et des usages de vie en société » ; ces personnes seraient les expulsés accusés la veille de trafic de drogue ? On y lit encore « notre devoir d’élus… consiste à développer une solidarité active avec tous ceux qui souffrent de la crise, du mal-logement, de la délinquance, y compris dans les zones de non-droit ».

Faut-il en déduire que les 40 occupants du squat qui sont des familles, des travailleurs avec ou sans papiers ne sont pas des victimes de la crise ? Pour le maire de Bagnolet et les élus qui ont accepté cette déclaration, la rue Victor-Hugo serait une zone de non-droit justifiant une intervention musclée. Le Préfet de Sarkozy doit encoreen rire ! Et « la municipalité rappelle que la véritable question, dont personne ne s’émeut, réside dans l’abandon par le gouvernement d’une politique du logement social et solidaire… ». Le comité de soutien composé d’habitants de Bagnolet, d’associations (DAL, RESF, Attac, Mrap, LDH…), de syndicats (Union solidaire 93, UL CGT, la Confédération paysanne, SnUipp Bagnolet, Snpes-PJJ-FSU), de partis politiques (Bagnolet en Vert, NPA 93, PS 93, LO, Europe Écologie 93…) s’émeut et soutien les expulsés qui subissent la politique de ce gouvernement et de la mairie de Bagnolet. Depuis le 20 février, la mairie a mis un préfabriqué d’une cour d’école à leur disposition, jusqu’à la table ronde qui doit avoir lieu le jeudi 25 février entre la préfecture, la mairie, les expulsés et leurs soutiens. Nous serons jusqu’au bout à leur côté pour obtenir le relogement, une enquête sur la destruction des biens et la régularisation des expulsés sans papiers. Marie Bartoli