Publié le Mercredi 17 mars 2010 à 18h43.

Contre les expulsions, soutien à Emilie

Au Nord d'Aix-en-Provence, ville arrivant à la 2e place de France pour ce qui est du niveau des loyers, quartier de la Pinette, bâtiment 14, un appartement officiellement inoccupé depuis plusieurs années, en bon état. Émilie, 28 ans, le squatte et le revendique, en prend soin et y élève ses trois enfants. Sur la liste d'attente du bailleur « 13 habitat » depuis 2007 et disposant du seul RSA (600€) pour vivre, la jeune femme, révoltée par le clientélisme aixois, a décidé il y a un an, de forcer la porte de cet appartement qui comme de nombreux autres dans le quartier sont laissés vacants. Depuis, elle s'est déclarée elle-même auprès de la police et paie son loyer tous les mois à l'office HLM. « Sauvée » par la trêve hivernal d'une expulsion prononcée par le tribunal, c'est entourée de tout son quartier, de militants associatifs et de quelques personnalités politiques (Verts, NPA...) qu'elle se bat aujourd'hui pour le droit à un toit décent. Cette expulsion pose directement le problème de la spéculation que la mairie UMP laisse se développer dans la ville, ainsi que celle de la réquisition des logements vides et d'une autre politique urbaine, ambitieuse, urgente et sociale. Interview.

 

Cela fait un an que tu squattes cet appartement, qu'est-ce qui t'a poussé à prendre cette décision ?

Emilie : Tout simplement parce que j'étais sans logement et puis j'ai des enfants. J'ai été poussée par le froid à prendre cet appartement, et puis ce n'est pas le seul appartement du quartier. Il y a quatre ou cinq appartements libres dans le quartier. J'en ai vu deux de mes propres yeux, deux autres vont bientôt se libérer, et on m'a rapporté que d'autres logements étaient vacants. En juin dernier, le tribunal a ordonné mon expulsion, heureusement j'ai eu du sursis avec la trêve hivernal mais le 15 mars, elle se termine. Tout ce que je veux c'est avoir un toit, pour moi et mes enfants.

Aujourd'hui, une mobilisation s'est créé autour de toi, comment s'est-elle construite ?

J'ai grandit ici, il y a ma mère qui habite en bas. Toutes les dames qui sont ici (à la conférence de presse d'Émilie. NDLR ) m'ont vu grandir. Ce n'est pas un quartier, c'est une famille. Sans rire, ce n'est pas parce que j'y habite, ce quartier est hors du commun, on est toujours solidaires entre nous, dès qu'il y a un problème. Il y a des minots de 13-14 ans qui ne sont pas allés à l'école pour venir me soutenir. D'autres travaillaient, mais ils m'ont envoyé des lettres de soutien, et j'ai reçu beaucoup de signatures sur ma pétition1.

Medve (PS) et Joissains (Mairesse UMP) disaient pendant la campagne aux municipales l'an dernier qu'ils allaient s'occuper du problème du logement, en construire de nouveaux, qu'en penses-tu ?

Eux, ils disent sans arrêt qu'il n'y a pas de logement vacants. Pourtant j'en connais plusieurs dans le quartier, après ailleurs dans Aix je ne sais pas comment c'est. Mais c'est comme ça aujourd'hui, il faut avoir des pistons, des passes-droits pour pouvoir se loger. Tout à l'heure, la journaliste de La Provence a téléphoné à la mairie, la secrétaire lui a répondu qu'il n'y avait aucun dossier à mon nom. C'est faux ! Pendant la campagne électorale l'an dernier, je suis allé voir Joissains, toute pimpante, elle m'a dit « ne vous inquiétez pas, je vais vous aider, mais il faut juste m'envoyer un courrier à la mairie ». C'est ce que j'ai fais dès le lendemain, j'ai envoyé plusieurs courriers, et je n'ai jamais eu de réponse. Hier je suis allée à la mairie et je le leur ait dit : « s'il le faut, j'irai dormir dans la mairie, dès jeudi ».

 

Propos recueillis par Kevin VAY

1Pour signer la pétition, RDV sur le groupe Facebook «  NON AUX EXPULSION ! »