Publié le Vendredi 15 avril 2011 à 23h25.

Discrimination d’enfants

Cela se passe à côté de chez moi et je suis indignée par l’indifférence de mes concitoyens devant le sort d’enfants étrangers, originaires des pays de l’Est, la plupart musulmans, certains orthodoxes, blancs de peau, normaux comme aurait dit Coluche, mais pauvres... Durant l’été 2010 un bailleur privé a acheté les locaux de l’ancienne maison de retraite de la gendarmerie de Saint-Gratien (Val-d’Oise). Il a fait venir 70 personnes (dont 29 enfants, écoliers et collégiens) auparavant hébergées à Saint-Gervais dans des locaux vétustes (contrairement à ceux de Saint-Gratien) de la même société. Le bailleur perçoit de l’État une contribution de 17 euros par nuit et par adulte. Au départ, la commune de Saint-Gratien a refusé de scolariser ces 29 enfants. C’est une pratique contraire à la loi d’obligation scolaire. Deux semaines après la rentrée, à la suite de nombreuses interventions, les quinze élèves du CP au CM2 ont été regroupés arbitrairement dans une classe unique afin d’être testés. Fonctionnement aberrant, puisque ces enfants ont suivi une scolarité ordinaire en France depuis au moins deux ans et disposent des documents officiels indiquant leur niveau de classe. Ils ont été par la suite répartis dans toutes les écoles de la ville, parfois bien loin de leur lieu d’habitation. Cependant ces enfants ne sont admis ni à la cantine, ni à l’étude, ni au centre de loisirs. C’est discriminatoire puisqu’à Saint-Gratien toutes les familles ont accès à ces services municipaux. La population de Saint-Gratien est vieillissante et applaudit les faits et gestes du maire. Par exemple, un pharmacien a refusé de délivrer des médicaments à des bénéficiaires de la CMU.Cependant, certains groupes de soutien se sont mis en place : collecte de dons, aide alimentaire grâce au Secours populaire et aux Restos du cœur. Mais ce sont des boîtes de conserve que consomment ces enfants qui tombent malades. La cantine leur permettrait un repas complet. Le 22 janvier, un enfant a été hospitalisé pour cause de malnutrition ; il a été sauvé grâce à un dentiste qui lui a arraché gratuitement plusieurs dents cariées ; une enseignante avait proposé de payer la cantine à cet enfant car elle le voyait dépérir, elle n’a reçu aucune réponse ; des mères d’élèves ont organisé des cours d’alphabétisation pour adultes ; des institutrices ont organisé des aides aux devoirs les mercredis après-midi ; le médecin d’une mère enceinte, qui est une des rares à pouvoir payer, a demandé l’accès à la cantine de sa fille aînée, scolarisée à l’autre bout de la ville, car elle risque un accouchement précoce : il a essuyé un refus. Pourquoi toutes ces réponses négatives ? Car ce serait la porte ouverte à la venue de tous les autres enfants indésirables. La mairie a toujours eu pour argument que ces gens étaient de passage et n’avaient donc pas besoin des services municipaux. Mais cela fait sept mois qu’ils sont gratiennois.Le bailleur a remercié l’ancienne gérante qui n’était pas assez commerciale et l’a remplacée par un nouveau directeur qui a mis fin à tous les réseaux de soutien qui intervenaient à l’intérieur de l’établissement. La mairie a obtenu, grâce à l’aide de la préfecture, l’interdiction de la venue de nouveaux arrivants. Le directeur, passant par d’autres organismes, a pu faire héberger de nouveaux arrivants sans être dans l’illégalité. De toute façon, les portes étant fermées aux gens de l’extérieur, on ne sait plus ce qui se passe et les nouveaux enfants ne vont même pas à l’école. Certains sont vraiment de passage : ils restent deux ou trois jours, d’autres sont là depuis un mois et demi d’après les dires des résidents. La mairie a fait l’objet d’une saisine auprès de la Halde. Il fait vraiment bon vivre dans cette bourgade du nord de Paris !