Jeudi 11 février à 6h, la préfète de Gironde Fabienne Buccio a fait donner les forces de police pour expulser le squat de la zone libre de Cenon.
Un lieu de vie s'était organisé depuis novembre 2019 dans cet ancien Ehpad, collectif, autogéré, soutenu par des associations et des bénévoles. La préfète, connue pour ses faits d'armes contre les migrantEs, en particulier le démantèlement de la « jungle » de Calais, remet ces familles à la rue en pleine trêve hivernale, avec la crise du covid, le couvre-feu et dans le froid. La préfète a fait procéder à l’évacuation en l’absence de toute urgence de relogement prévue par la loi, piétinant les procédures légales d’expulsion : pas de procès-verbaux d’expulsion, expulsion de chaque logement par les flics avant toute intervention de l’huissier…
Mensonges et violence de la préfecture
300 personnes avec et sans papiers, dont 110 enfants, ont été expulsées sans solution de relogement pérenne. Quelques propositions de nuits d'hôtel, à Bordeaux, Angoulême, Limoges ou Guéret ont été faites à des familles qui, pour la plupart, travaillent à Bordeaux, y sont soignées, ont des enfants scolarisés et sont investies dans des parcours d’insertion.
Sous prétexte de procéder à l’examen de leur situation, on éloigne et on disperse les familles ? Une véritable provocation alors que, depuis des mois, la préfète refuse tout dialogue. Aucune enquête sociale n'a eu lieu, malgré ses promesses qui remontent à juillet dernier, arrachées sous la pression de la mobilisation. La présence de la PAF, la police de l’air et des frontières, attestait clairement de l’exécution de la politique raciste et xénophobe de l’État : la traque des migrantEs. Beaucoup ont refusé de monter dans les neuf bus affrétés malgré les pressions et le nombre démesuré de forces de police pour imposer l’embarquement des bagages et des personnes. Les mensonges de la préfecture sur les propositions d’hébergement ont piégé des familles qui, après avoir constaté sur place ce qui les attendait réellement, sont revenues ou cherchent à revenir à Bordeaux.
Expulsion indigne et révoltante
Plus de 200 soutiens étaient présents dès 6h, militants associatifs, politiques, syndicalistes, dont de nombreux et nombreuses militantEs du NPA. La contestation de cet acte ignoble, de la violence de l’État, a valu aux militants présents d’être gazés et il y a eu deux interpellations.
Une cinquantaine de familles et leurs soutiens se sont ensuite rendus au centre de Bordeaux pour chercher refuge dans la cathédrale Saint-André, dont l'évêque a refusé l'entrée aux familles et aux enfants. La mairie de Bordeaux n’a pu faire moins qu’ouvrir en urgence une salle pour la journée... mais pas pour la nuit. 22 000 logements sont inoccupés sur la métropole bordelaise, qui peuvent être réquisitionnés sur le champ !
Cette expulsion est indigne et révoltante. Elle s’inscrit dans la surenchère démagogique réactionnaire et xénophobe du gouvernement avec l’extrême droite, que la préfète a mis un zèle particulier à appliquer. Elle s’inscrit dans sa politique de guerre contre les classes populaires, les plus pauvres et les sans-abris.
Une importante mobilisation s’organise pour qu’aucune famille ne soit laissée pour compte et la lutte continue pour des solutions pérennes de vie, de logement, de scolarité, et pour des papiers pour toutes et tous, la liberté de circulation et d'installation.