Publié le Jeudi 26 octobre 2017 à 00h01.

Les HLM en mode résistance

Les HLM, l’attaque de trop qui va faire déborder le Macron ? En tout cas, le président des riches a réussi à unir le mouvement HLM, les promoteurs et le bâtiment. Et à mettre en grève et dans la rue presque tous les offices HLM le mardi 17 octobre.

Six millions et demi de locataires HLM vont perdre 5 euros d’APL en octobre, une baisse qui pourrait aller plus tard jusqu’à 60 euros. Pour compenser, les bailleurs HLM devront baisser les loyers. Coût annoncé par les bailleurs sociaux : 1,4 milliard. Qui manqueront pour construire, entretenir, réhabiliter (entre autres la rénovation thermique ou le désamiantage alors que celui-ci « oblige » des offices à laisser des logements vides en attendant les travaux). Des suppressions d’emplois sont aussi à prévoir, avec cette réforme et avec le mouvement de fusions et de privatisations d’offices HLM. 

Un marché hors de contrôle

Alors que les logements qui manquent déjà sont les logements dits vraiment sociaux (3 000 demandeurEs en attente depuis plusieurs années est un chiffre courant dans les villes de 30 000 ou 40 000 habitantEs en banlieue parisienne), c’est la population la plus défavorisée, dont le nombre augmente significativement, qui sera la plus touchée. Parce que la première solution, ce sera de prendre en priorité les locataires qui n’ont pas droit à l’APL, et de construire pour eux. Il est possible que quelques offices aient des réserves de trésorerie, mais un gouvernement qui supprime l’ISF est-il légitime à aller piquer dans leurs poches ?

Ce même 17 octobre, le tribunal administratif de Lille annulait l’arrêté préfectoral permettant l’application de l’encadrement des loyers sur cette ville. Le gouvernement dit qu’il fera appel et veut poursuivre la (timide) mise en œuvre de cette mesure. Mais tout le monde sait que ce ne sont pas les APL qui font grimper les loyers, mais une folle spéculation, un marché hors de contrôle, et que ce sont les loyers dans le privé et les prix à la vente qu’il faut baisser de toute urgence. Et l’État doit, vite, de nouveau mettre de l’argent dans la construction.

Pourquoi y a-t-il des aides, des allocations – qui sont insuffisantes et injustes (effet de seuil) ? Parce que les loyers et les charges sont trop chers. Il faut que les loyers soient fixés en fonction du revenu (pas plus de 20 %) parce que se loger décemment est un droit élémentaire qui ne doit pas être soumis à la loi du marché.

Isabelle Guichard