La nouvelle loi sur le logement sera présentée à la fin du mois à l’Assemblée nationale. Cette loi, qui ne propose comme solution à la crise qu’un accès à la propriété pour quelques-uns, doit être rejetée par la mobilisation.
Le passage de la loi devant le Sénat fut houleux, certains articles – comme celui visant à comptabiliser l’accession à la propriété dans les 20 % de logements sociaux que doivent construire les communes de plus de 3 500 habitants – ont été rejetés, y compris par de nombreux sénateurs UMP.
Malgré cela, la ministre du Logement, Christine Boutin, maintient sa loi en l’état avec quelques mesures complémentaires liées notamment à la crise financière et immobilière. L’essentiel vise au rachat des logements issus de programmes privés ne trouvant plus d’acquéreur. À cela s’ajoute, pour soutenir le secteur de la construction, la commande de logements sociaux, principalement dans le haut de gamme. Cela représenterait 100 000 logements supplémentaires, construits sur deux ans, ce qui est peu au regard d’un besoin estimé à 900 000 et sachant que le nombre de constructions neuves est en très forte baisse.
Les autres mesures visent à faciliter les crédits notamment pour les « primo accédants » et pour les ménages à faibles revenus. Ceux-ci sont incités à s’endetter pour 30, 40 ou 50 ans. L’accès à la propriété est présenté comme la solution à tous les problèmes de logement. Cette politique néglige tout simplement qu’un grand nombre de mal-logés n’ont pas de travail ou seulement des contrats précaires, donc pas de revenus leur permettant de vivre décemment. L’autre paradoxe est de vouloir inciter les gens à se fixer en achetant leur logement, alors que la précarité et la flexibilité du monde du travail leur demandent de plus en plus de se déplacer.
Le ministère du Logement, non sans cynisme, déclare qu’« il ne faut pas que la crise immobilière se transforme en crise du logement ». Car pour eux, la crise c’est quand le nombre de ventes de logements et le prix de l’immobilier baissent. Les plus de 3 millions de mal-logés et les 300 personnes qui sont mortes de vivre dans la rue cette année, ce n’est pas la crise du logement.
Le projet de loi Boutin veut faciliter et raccourcir les délais d’expulsion et baisser le plafond de revenus ouvrant l’accès au logement social (il faudra être vraiment très pauvre, moins que le Smic, pour en bénéficier). Un rassemblement est organisé à Paris, devant l’Assemblée nationale, mardi 27 janvier, à 17 heures, pour dénoncer ce projet de loi.