Le Plan Logement du gouvernement Macron a été lancé brutalement en plein été avec l’annonce de la baisse des APL de 5 euros par mois. L’économie réalisée par cette mesure, 32,5 millions d’euros par mois, est dérisoire mais affecte 6,5 millions de ménages dont 800 000 étudiantEs.
Le gouvernement claironne partout que les aides sont « la cause principale » de la hausse des loyers. Pourtant, depuis les années 2000, les loyers augmentent plus vite que les aides perçues par les locataires. Rien n’est imposé aux bailleurs privés qui vont continuer à percevoir l’APL à un niveau supérieur à celui des bailleurs sociaux, alors qu’ils sont directement responsables de la hausse des loyers.
Attaque contre les locataires
C’est une attaque sans précédent contre le logement social, et qui soulève beaucoup de questions sans réponse : y aura-t-il augmentation des loyers des locataires ne touchant pas d’APL ? Les bailleurs sociaux ne vont-ils pas préférer des locataires sans APL (ce qui est déjà le cas) et du coup aggraver l’exclusion des plus pauvres ? Quelles conséquences sur les salaires des personnels des bailleurs ? etc.
L’USH, l’Union sociale pour l’habitat, qui regroupe l’ensemble des bailleurs sociaux (723), a raison de dire que plus de 120 bailleurs HLM sont ainsi menacés de faillite, par ce qui est de fait une accélération du processus de concentration des bailleurs, la privatisation accélérée des OPH (office public de HLM). C’est rien moins qu’une remise en cause du système HLM.
Dans la même logique il est annoncé une accélération des ventes d’appartements HLM, avec l’objectif de 40 000 logements vendus par an, alors qu’aujourd’hui leur nombre se situe autour de 10 000, et que l’achat tourne le plus souvent au cauchemar pour les plus modestes.
Garanties données aux capitalistes de l’immobilier
Un appel « Vive l’APL » a été signé par 42 associations et l’USH, qui tiendra son congrès la dernière semaine de septembre, a rompu les négociations avec le gouvernement.
Le plan logement du gouvernement comporte aussi des mesures qui ont moins fait la une : maintien des prêts à taux zéro (PTZ) pour la construction neuve, maintien des avantages fiscaux Pinel jusqu’en 2021, abattement fiscal sur les plus-values réalisées par la vente de terrains à bâtir, ainsi que « zéro nouvelles normes » dans la construction ; autant de garanties données aux capitalistes de l’immobilier qui encaissent les avantages quand le logement social, lui, est ponctionné.
« On me dira que je ne respecte pas l’environnement, ou parfois le handicap (…). Mais il faut du pragmatisme (…) pour résoudre le problème du logement », s’est justifié E. Macron. Comment mieux dire son intention de résoudre le problème du logement par la perspective assumée du logement à deux vitesses, ne proposant plus les mêmes garanties pour le logement des plus pauvres ! De même la proposition d’un bail « mobilité » de 1 à 10 mois, non renouvelable et sans dépôt de garantie, fait écho à la précarisation des contrats de travail. Travail précaire, salaire précaire, logement précaire, bail précaire : tout est dit.
Cette politique a déjà été appliquée et on en connaît les effets : d’un côté la pression mise sur le logement social, et de l’autre l’ouverture des vannes aux spéculateurs immobiliers pour les inciter à construire. Sans contrainte, la loi du marché sur les sols et la construction immobilière va produire ce qu’elle a déjà produit : hausse des prix, exclusion des plus pauvres des centre villes, et poursuite de la crise du logement.
Jean-Marc Bourquin