L’occupation par le DAL (Droit au logement) d’une aile inoccupée mais chauffée de l’hôpital Hôtel-Dieu depuis le samedi 7 janvier a fait mouche...
En effet, alors que s’annonce une séquence climatique plutôt rigoureuse, avec des températures largement en dessous de zéro, ce qui ne va pas manquer de mettre en danger les sans-logis, le plan grand froid sur Paris n’était toujours mis en œuvre début janvier. Seul le plan « neige et verglas » l’était en Île-de-France, ce qui laisse rêveur alors que la situation est largement perçue et vécue comme insupportable.
Dès le début de l’occupation, l’AP-HP l’a entérinée en mettant une salle à disposition des mal-logés. Un accord a même été signé avec le DAL, le mercredi 11 janvier, prévoyant la transformation de l’aile Saint-Côme de l’hôpital en CHU (centre d’hébergement d’urgence), ainsi que l’engagement du relogement dans un délai d’un an de 100 ménages prioritaire DALO.
Cette occupation a été suivie par la réquisition, à l’initiative du DAL de Toulouse, du pavillon de dermatologie de l’hôpital de Grave. Dans le même temps, les expulsés du 168 avenue Wilson à La Plaine-Saint-Denis, à la rue depuis 4 mois, réquisitionnaient un ancien hôtel, vide depuis 2 ans... qui a longtemps fonctionné avec les familles envoyé par le 115.
Depuis, le plan grand froid a été mis en œuvre. Des températures au moins aussi basses qu’en 2012 sont annoncées pour les jours à venir, et le gouvernement ne veut pas être confronté à un trop grand nombre de décès. Mais la rue tue tous les jours. Depuis des semaines, les conditions de vie dans la rue sont très dures et les dégâts qu’elles produisent n’attendent pas les niveaux extrêmes.
Un droit fondamental... non respecté !
Aussi, il est incroyable d’entendre le ministre de l’Intérieur, Bruno Le Roux, annoncer que dans ces conditions, « il y aura de la place pour tout le monde » en hébergement et que « personne ne doit rester dans la rue ». Comme si l’hébergement de toute personne était une chose extraordinaire réservée aux conditions extrêmes. Faut-il rappeler que c’est un droit fondamental, confirmé par le Conseil d’État saisi par le DAL, qui s’applique à toute personne, quelle que soit sa situation administrative ?
Mais ce droit n’est pas respecté. le nombre de personnes à la rue, de familles, de jeunes, d’enfants, n’a fait que croître. En 2014, le 115, téléphone permettant l’hébergement d’urgence, n’a pu répondre qu’à la moitié des appels (près de 100 000). De multiples grèves parmi les personnels des services du 115 ont eu lieu l’année dernière dans le 93, en Isère, en Haute-Garonne, des départements confrontés au manque de moyens et de réponses aux demandes d’hébergement.
Pour se justifier, les porte-parole du gouvernement mettent en avant l’augmentation des moyens qu’ils ont mis en œuvre année après année. Pourtant, tous les rapports des associations soulignent l’aggravation de la situation. En un mot, le gouvernement gère à minima la pauvreté et l’exclusion du logement, considérant que ce n’est pas pour lui un secteur décisif.
Jean-Baptiste Eyraud, à la fin de la manifestation de ce samedi à Paris devant l’Hôtel-Dieu, a justement appelé à l’occupation de tous les locaux vides, les hôpitaux désaffectés, à répondre à la carence de l’État dans son obligation d’hébergement. C’est comme cela que se créent les solidarités nécessaires pour en finir avec l’injustice de l’exclusion.
JMB