Publié le Samedi 14 décembre 2013 à 00h01.

Logement : pendant l’hiver, les mobilisations continuent

Alors que la période de la trêve hivernale devrait être le temps où les expulsions cessent, où les mal-logéEs ont un moment de répit, cette année les luttes de l’été et de l’automne se prolongent en hiver. Un signe de la dureté de la crise, de l’aggravation des situations vécues par les mal-logéEs et de la violence de l’état.

On s’habitue à l’irrationnel. Le dispositif Dalo « Droit au logement opposable » a été mis en place sous Chirac et Villepin. Il reconnaît des personnes comme prioritaires au relogement et leur permet d’engager des poursuites contre l’état s’il ne s’exécute pas. Mais pourquoi doivent-elles se battre aujourd’hui pour leur relogement ? Parce que l’État dit et fait le contraire : il ne reloge pas, ou si peu. Ainsi, 6 000 sont en attente d’un logement en Seine-Saint-Denis et certainEs sont mêmes expulséEs du logement insalubre qu’ils occupent sans solution alternative.

Victoire à Paris pour les Dalo !C’est ainsi que le DAL a engagé un bras de fer avec le ministère du Logement pour le relogement de 300 ménages, essentiellement prioritaire Dalo. Depuis juillet, c’est la quatrième fois que des campements sont installés en plein cœur de Paris sur une place de la République qui vient d’être refaite : une belle façon de l’inaugurer. Il a fallu un mois et demi de campements, d’interventions brutales de la police, de procédure judiciaire donnant au DAL le droit de manifester sur la place pour aboutir finalement à des négociations avec le ministère (cf. interview de Jean-Baptiste Eyraud dans l’Anticapitaliste n°215). Un accord a été signé fin novembre prévoyant le relogement des 300 familles et l’hébergement pour toutes dans l’attente d’un logement.Cette lutte et cette victoire mettent en évidence la crise du logement et surtout son caractère dramatique pour ceux qui la subissent. Derrière les Dalo, il y a toutes celles et ceux qui ne sont pas reconnuEs, qui ne peuvent pas l’être par la commission de médiation préfectorale, mais qui vivent des conditions très difficiles de logement quand ils en ont un. Non seulement l’État peine à reloger mais il continue d’expulser. C’est ainsi qu’il vient d’évacuer le vendredi 6 décembre le squat du 58 rue de la Mouzaïa dans le 19e arrondissement de Paris, 150 personnes qui vont remplir les lieux d’hébergement alors qu’il n’y avait aucune urgence à le faire.

115 : échec sur toute la ligneDe l’hébergement, parlons-en. La faillite est spectaculaire et dramatique. Le 115 est un numéro groupé ouvert à toutes celles et ceux en quête d’un hébergement. Il n’est pas joignable ! Les assistantes sociales qui doivent en passer par lui pour répondre à une situation de mal-logement appellent dès le matin en continu, souvent pour rien… En Seine-Saint-Denis, le 115 ne décroche en moyenne qu’à 15 % des appels reçus mensuellement, sans tenir compte des périodes de fortes demandes c’est-à-dire en avril et en octobre, début et fin de la trêve hivernale.À Saint-Denis, les habitantEs des deux immeubles insalubres qui ont été expulsés au mois de juin viennent de passer leur sixième mois ferme à la rue. ExpulséEs comme occupantEs squatteurEs, dans le cadre de la rénovation du centre ville, ils n’ont pu disposer du moindre hébergement jusque-là. Aujourd’hui, avec le période hivernale, la préfecture persiste dans son mépris des habitantEs. Dans le même temps où elle ouvre un centre d’hébergement à Saint-Denis même, elle ne leur propose que 5 places à Neuilly-Sur-Marne, dans un pavillon de l’hôpital psychiatrique, en zone 4, avec des horaires incompatibles pour toutE salariéE du bâtiment ou de la restauration. Les autres devront passer par le 115. Bref on leur propose de passer par un dispositif qui ne marche pas. Cela ressemble fort à une punition que le nouveau préfet tente de leur infliger pour ne pas avoir disparu depuis leur expulsion…

L’État déclare la guerre ?Ce nouveau préfet, Philippe Galli, fait montre de la plus grande intransigeance vis-à-vis des sans-papiers, de leurs associations, de soutiens, parvenant à faire regretter l’ancien préfet Christian Lambert, ancien policier proche de Sarkozy. Il a déclaré dans son discours d’investiture en octobre : « Avec 170 nationalités enregistrées, le 93, c’est l’ONU ! Le défi de l’État, avec les collectivités locales, est d’arriver à mixer les populations, à attirer des populations solvables. » Comme déclaration de guerre, on ne fait pas mieux.À l’initiative du DAL, les associations et les collectifs de mal-logéEs du 93 appellent à une marche en direction de la préfecture samedi 14 décembre (14 heures place du 8-Mai-1945 à La Courneuve) pour le respect du droit à l’hébergement et au logement.

JMB