L’hiver, le froid, la pluie, la neige et les fêtes de fin d’année mettent les questions posées par le mal-logement en avant-scène, et c’est le moment où les politiques gouvernementales sont mises en lumière, crûment, sans fard... En effet, pas question de trêve hivernale pour les expulsions, pas de protection ni pour les squats ni pour les campements. Le gouvernement joue la dispersion, la disparition de la rue.
Ainsi, après le démantèlement de la « jungle » de Calais avaient suivi ceux des campements installés dans Paris, à Jaurès, Stalingrad, rue de Flandre... La création de « la bulle » de la Chapelle, centre de tri des réfugiéEs, donne l’illusion de l’accueil, mais autour d’elle, les campements se sont à nouveau multipliés, et avec eux les interventions policières, organisées en rafles pour ficher, arrêter, expulser, disperser...
Dans le même temps, et dans la même logique, les préfets ont intensifié les démantèlements des camps de Roms, sans proposer évidemment de solutions de logement plus décentes. En décembre, le plus gros campement Rom au nord de Paris, à Pierrefitte, a été dispersé. Et seules quelques familles, moins d’une dizaine, ont été mises à l’abri pour quelques jours...
En août dernier, la préfecture expulsait d’un immeuble squatté de La Plaine Saint-Denis, au 168 de l’avenue Wilson, tous les habitantEs qui y vivaient. Appartements murés, mobilier et affaires personnelles rendues inaccessibles... Les habitants ont campé devant l’immeuble jusqu’au 16 décembre, jour où la police a dispersé, dans un même élan, le camp de réfugiéEs proche et celui du 168...
« Sans droit ni titre » semble être la devise des préfets : bafoués la protection de l’enfance, la protection des femmes enceintes, le droit des mineurs isolés (qui une fois recensés... sont laissés sans solution), le droit à l’hébergement (pourtant reconnu à toute personne). Juste la violence brutale, et les discours cyniques et mensongers de Cosse, Leroux et Cazeneuve qui renvoient à un 115 qui n’en peut plus.
Mais voilà, magie de la période, le DAL occupe depuis samedi l’Hôtel-Dieu, un hôpital en plein cœur la capitale, vide et désaffecté mais chauffé. Et l’Assistance publique - hôpitaux de Paris (AP-HP), propriétaire, est immédiatement obligée de légitimer l’occupation, mettant une salle à disposition des mal-logéEs. Une belle initiative militante qui montre la voie : la réquisition des logements vides.
Jean-Marc Bourquin