Publié le Mardi 23 juin 2015 à 07h27.

Logement à Saint-Denis (93) : l’appel d’offres de Plaine Commune désavoué

Le centre ville de Saint-Denis est constitué entre autres d’un ensemble d’immeubles construits dans les années 80 dans un vieux quartier très dégradé et insalubre...

Regroupés dans une ZAC (zone d’aménagement concertée), la ZAC Basilique, ils ont la particularité d’être pour l’essentiel du logement social, appartenant au bailleur historique Plaine Commune Habitat. En 35 ans, ce quartier a perdu de son panache : sa maintenance coûte très cher et une rénovation lourde serait nécessaire.Or, au mois d’avril, des locataires ont eu la surprise de découvrir sur un site spécialisé des collectivités publiques, le site « Maximilien », le cahier des charges d’un appel d’offres lancé par la communauté d’agglomération Plaine Commune/Grand Paris, pour une étude de restructuration urbaine de la ZAC Basilique. Ce cahier envisageait en des termes clairs le déconventionnement de certains îlots, c’est-à-dire le passage des logements HLM au privé, l’objectif étant de « réintroduire un marché de la location », de « réajuster la demande à l’offre ». Le déconventionnement des logements, c’est toujours une hausse des loyers, ceux-ci n’étant plus encadrés et les hausses alors libres. Cela permet aussi la vente « à la découpe »... et donc le départ de ceux qui ne peuvent pas payer.

Comité d’alertePour justifier cette perspective, inhabituelle pour la dernière ville communiste de plus de 100 000 habitants, une analyse des facteurs négatifs du quartier renvoie notamment à la paupérisation de ses habitantEs. Des chiffres sont mêmes produits concernant le taux de chômage des 15-24 ans, le nombre de familles monoparentales, ou la part des résidents d’origine étrangère.La cohérence de ce document a sauté aux yeux des locataires du quartier : la volonté de remplacer la partie la plus pauvre de la population, une logique en phase avec la politique gouvernementale de « peuplement » revendiquée par Manuel Valls... Départ des unEs et arrivée des couches moyennes qui ne peuvent plus vivre dans un Paris devenu trop cher.La réaction a été à la hauteur de la surprise : tracts, porte à porte, assemblées, constitution en collectif. Près de 100 locataires mobilisés. Venus s’expliquer en assemblée le 13 juin, les représentants de la ville et du bailleur ont désavoués tout projet de déconventionnement ou de vente, et se sont engagés à ne pas toucher au statut des logements de la ZAC, renvoyant sur le dos de techniciens la responsabilité du document...Cette prise de position publique est un acquis qui a satisfait les locataires présents. Cependant, ces derniers ne sont pas dupes et savent bien que les pressions sont fortes pour qu’il en soit autrement : ils se sont donc constitués en comité d’alerte.

JMB