Pour répondre aux problèmes posés par la difficulté à vivre dans les grands ensembles des quartiers des villes, le ministère Borloo a créé en 2003 l’ANRU (Agence nationale de la rénovation urbaine) censée résoudre les problèmes de la misère par l’urbanisme...
En fait, l’ANRU, financé par le détournement du 1 % logement destiné normalement à financer l’habitat social, a surtout financé la destruction de centaines d’immeubles collectifs dans des centaines de quartiers. En guise de réponse politique, une manière de « kärcheriser » la banlieue afin de satisfaire tous ceux qui la craignent, ceux pour qui les grands immeubles équivalent à la pauvreté, autrement dit à la racaille. Si le 1 % logement finance les destructions d’immeubles, ce sont les prêts bancaires qui financent la reconstruction. C’est pourquoi il y a beaucoup plus de démolitions que de reconstructions et que lorsqu’il y a reconstruction, c’est en nombre de logements moins importants et de moins bonne qualité mais pour des prix plus élevés. Résultat de la politique de l’ANRU, les plus pauvres sont expulsés, plus mal relogés le plus souvent, les mairies s’endettent et les impôts locaux augmentent. Par contre les sociétés du BTP s’enrichissent !L’exigence du relogementC’est dans ce cadre que la mairie de Montbéliard et les HLM ont prévu de démolir un certain nombre d’immeubles collectifs de la ZUP de Montbéliard. Mais comme ils n’ont rien pensé ni prévu, et qu’ils détruisent avant de reconstruire, ils n’ont pas de logements équivalents à proposer à la plupart de ceux qu’ils expulsent, notamment les plus anciens qui, souvent malades ou handicapés, ne peuvent pas être déplacés n’importe où. De plus, pour bien des seniors de 70ans ou plus, le déménagement forcé est une catastrophe, car ils ne peuvent physiquement pas le faire. Les déménagements forcés sont la cause principale des dépressions aujourd’hui, mais pour les plus fragiles, ils peuvent se terminer par de véritables drames et la mort.Depuis 8 mois, à Montbéliard, les locataires de deux immeubles à la ZUP, rue Massenet et rue du Petit Chenois, se battent. Ils veulent obtenir des relogements satisfaisants pour ceux qui acceptent de partir et alerter les autorités et l’opinion que la santé et la vie des plus âgés d’entre eux sont menacées. Malgré des interpellations du conseil municipal socialiste, du bailleur, des ministères concernés, du sous-préfet, des articles de presse et des manifestations multiples, rien ne bouge. C’est pourquoi, après avoir lancé il y a quinze jours, un « appel au secours » par le biais des réseaux sociaux, les locataires ont profité de la « semaine bleue » destinée à donner la parole aux anciens, pour organiser le 23octobre une fête en bas de leur immeuble : musique, gâteaux et boissons et « graff » du bloc, tout en invitant la journaliste Florence Aubenas à venir faire un reportage. La fête était une réussite. Tout le monde était content d’afficher cette envie de vivre ensemble, cette solidarité entre habitants, et de mettre en lumière l’ampleur nationale du problème.Jacques Chastaing