Le 11 avril dernier, Valérie Pécresse annonçait un énième plan concernant le logement étudiant. Le problème n’est pourtant pas nouveau. En France, on compte toujours 340 000 logements pour accueillir près de 2,2 millions d’étudiants. Alors que pour avoir un minimum de chance de trouver un emploi, il faut étudier plus longtemps, plus d’un tiers des étudiants sont obligés de vivre sous le toit de leurs parents. Seuls 10 % d’entre eux habitent dans des résidences universitaires gérées par le Crous, c’est-à-dire avec des loyers raisonnables. Pour ceux qui sont logés dans le privé, les loyers exorbitants les contraignent à se salarier en plus de leurs études et à vivre dans la précarité : plus de 100 000 étudiants sont sous le seuil de pauvreté. Mais Pécresse n’a nullement l’intention d’enrayer ce phénomène. Elle annonce vouloir passer de 380 000 logements étudiants à 680 000 d’ici 2020. Mais bien évidemment, elle ne propose pas de construire massivement des résidences universitaires du Crous. Trois mesures phares sont lancées. Désormais les Crous pourront se porter caution pour les étudiants auprès des bailleurs privés. En clair, elle propose que les services du Crous donnent de l’argent au privé.10 % des studios dans le parc des logements sociaux seraient réservés aux étudiants. La pénurie de logement sociaux est flagrante avec dans la majorité des cas près de dix ans d’attente pour obtenir un logement mais ça n’a pas l’air de déranger Valérie Pécresse qui propose de « déshabiller Paul pour habiller Jacques ». Enfin, elle parle de construire des « logements alternatifs ». Il faut comprendre des logements à bas coûts dans des préfabriqués ou même comme c’est actuellement testé au Havre, dans des anciens conteneurs à marchandises. Normal, quand on est jeune, on peut occuper des emplois précaires, être moins payés et en plus habiter dans un conteneur ! Il n’y aura pas de raccourcis. Pour améliorer la situation sociale des étudiants, il faut débloquer de l’argent pour construire des chambres universitaires du Crous, augmenter les aides au logement (APL et ALS) qui n’ont pas bougé depuis 1994. Et pour permettre à tous les jeunes de pouvoir étudier sans se salarier ni vivre dans la misère, il faudrait mettre en place une allocation d’autonomie pour tous, une sorte de pré-salaire reconnaissant à tous les jeunes le droit de se former. Bien sûr, pour débloquer de l’argent, il faut accepter d’aller le chercher là où il est. Il paraît qu’en 2010 les entreprises du CAC 40 ont fait plus de 80 milliards de bénéfices…
Juliette Stein