Publié le Mercredi 31 décembre 2014 à 07h11.

PNRU 2 : Un plan contre le logement social

Il y a quelques jours, Hollande est allé dans le Pas-de-Calais, de Boulogne-sur-Mer à Lens, présenter son plan national de rénovation urbaine, « PNRU 2 », histoire de tenter d’améliorer son image dans l’électorat populaire. Il en faudra un peu plus pour atteindre cet objectif !

En effet, la politique qu’il met en œuvre est dans la continuité de celle engagée par Borloo, ministre du Logement de Chirac, initiateur de cette politique de la ville en 2003. Le PNRU 1 proposait 42 milliards à toutes les villes qui voulaient monter un projet de rénovation. Cette fois-ci, le PNRU 2 propose 5 milliards – sur les dix prochaines années – ciblés sur des quartiers prioritaires. Une liste de 400 quartiers, dont 200 ultra prioritaires, a donc été établie.

En fait ces 5 milliards ne sont pas grand-chose. 1 milliard va servir aux démolitions et le reste va être réparti sur les 200 sites sélectionnés. Depuis 2009, l’État ne met plus la main à la poche, c’est l’ancien collecteur du 1 % patronal, aujourd’hui Action Logement, qui investira 500 millions par an. L’État espère aussi un engagement des collectivités locales et des bailleurs HLM, à hauteur de 20 milliards dans ce plan de rénovation, en échange d’avantages fiscaux (taux de TVA à 5,5 %, exonération de la taxe foncière…).

Fait nouveau, la cible n’est plus uniquement la rénovation de bâtiments HLM dégradés. De l’habitat privé peut être concerné par ce PNRU 2, par l’intervention sur des centres-villes anciens comme celui de Saint-Denis, mais aussi sur des copropriétés dégradées, ou sur l’aménagement de quartiers par le développement des moyens de transport.

à qui profite le plan ?

Les entreprises du BTP sont plutôt satisfaites de ce nouveau plan de rénovation qui va leur donner une assurance de profits pour les 10 prochaines années, comme l’a été le PNRU 1. Donc dire, comme cela l’a souvent été dans la presse qui a repris la communication de l’Élysée, « le PNRU 2, c’est 5 milliards pour les plus pauvres » est une mystification, d’autant qu’au-delà des financements, la question de fond n’est pas abordée.

à quoi servent ces plans de rénovation ? Pas à donner des logements à celles et ceux qui n’en ont pas, ni à les rénover pour celles et ceux qui sont contraints de vivre dans des conditions dégradées. Au nom d'une illusoire « mixité sociale », l’ANRU est une machine à déplacer les populations les plus pauvres toujours plus loin. Les démolitions d’immeubles, de barres, que les bailleurs laissent se dégrader jusqu’à les rendre invivables pour les occupantEs, sont des pertes sèches en logements. Jamais on ne retrouve un nombre équivalent à celui des destructions, et seule une fraction des habitantEs sont relogés.

Ainsi à Saint-Denis (93), à la cité Saint-Rémy, propriété de France Habitation, l’opération ANRU sur la cité est emblématique de cette politique : pour 412 logements détruits, à peine 146 logements sociaux sont construits sur place, et 175 logements nouveaux sont soit des logements sociaux intermédiaires, soit à loyers libres, soit en accession à la propriété.

Les démolitions-reconstructions coûtent plus cher que les rénovations, et elles ne s’adressent pas aux mêmes populations. Hollande et les socialistes poursuivent la politique mise en œuvre par la droite depuis 2003, en permettant aux lois du marché immobilier de trouver de nouveaux débouchés par la casse du logement social et la relégation de ceux qui y habitent.

JMB