Le Passager clandestin, 2019, 432 pages, 12 euros.
Ce livre, paru en 2018 et réédité en poche en 2019, est un outil pour des éluEs comme nous, dans des collectivités territoriales. Pourtant, il doit être utile à tout « citoyen » qui se pose des questions sur les vies de dingue que nous menons dans les grandes villes, les métropoles notamment. Tout va vite, trop vite ; on étouffe dans le béton qui s’accumule ; les logements sont chers et il n’y en a jamais assez pour loger tout le monde, notamment les plus modestes ; les transports saturent ; l’air est pollué… Bref ça ne va pas du tout.
Quand les éluEs se penchent sur l’urbanisme
Depuis juin 2020, avec Bordeaux en luttes (LFI-NPA) nous avons une activité politique municipale à la ville de Bordeaux et en même temps à la Métropole. Merci nos 10 %, nous voilà dans une galère avec certes 105 éluEs et pourtant un sentiment de solitude énorme. Comment agir, quoi penser, que dire face aux dizaines de délibérations qui tombent à chaque séance, aux milliers de pages qu’il faudrait lire ?
Alors nous avons besoin d’aide, nous cherchons des éléments de réflexion, des idées que nous pouvons trouver en partie auprès des milieux militants associatifs ou syndicalistes mais pas sur tout. Concernant l’urbanisme et les politiques du logement, on est désarmés. Heureusement, sur le net, on trouve des vidéos, des articles d’universitaires comme Gilles Pinson, de géographes comme Anne Clerval ou Mathieu Van Criekingen, d’architectes comme Christophe Hutin qui analysent et critiquent le développement capitaliste des villes.
Critique de la métropolisation
Dernièrement, on a découvert une nouvelle aide, avec Guillaume Faburel, un professeur de géographie, spécialisé dans les effets sociaux, spaciaux et écologiques (tous négatifs) des politiques d’aménagement du territoire. Après l’avoir écouté en vidéo, nous avons acheté plusieurs de ses livres, notamment les Métropoles barbares, une critique très claire des villes métropoles, de la métropolisation, ce phénomène comparable à la mondialisation. Les métropoles sont des lieux d’accumulation du capital, de fructification du foncier en ces temps de crise, avec l’essor de la spéculation, de la marchandisation, des lieux de concentration de pouvoir, de richesses et de densification des populations…
Les villes grandissent et se « modernisent », captent richesses, activités et emplois mais au détriment des territoires autour, au détriment aussi des populations les plus pauvres qui sont écartées, voire exclues. C’est le règne de l’attractivité, de la concurrence entre territoires, tout est absurde et destructeur. Les conséquences démocratiques, sociales ou environnementales sont désastreuses.
Réflexions et actions militantes
Dans son livre, Guillaume Faburel ne fait pas seulement ce constat dénonciateur de la ville capitaliste. Il détaille de nombreux exemples de réflexions et d’actions militantes pour retrouver un début de contrôle par en bas, de décentralisation, de démocratie, d’autogestion salutaire pour les populations, de réappropriation de parcelles pour des jardins, pour des logements, tout cela faisant partie intégrante d’une lutte nécessaire plus générale de reprise en main de nos espaces et de nos vies.
En fait, il s’agit de mener la lutte contre les institutions et les logiques égoïstes du privé pour remettre en place les solutions solidaires et collectives. La seule issue serait donc de sortir de la ville et de la métropole, en clair de sortir du capitalisme.