Publié le Lundi 12 novembre 2012 à 16h33.

Réquisition de logements Des paroles… et des actes ?!

« Expulsions », « propriété privée », « crédits hypothécaires » étaient le vocable des précédents gouvernements de droite en matière de logement. « Réquisition », « 25 % de logements sociaux dans la SRU », « augmentation des budgets pour l’hébergement d’urgence » sont les leitmotivs du nouveau gouvernement. Le changement de vocabulaire c’est maintenant, mais quelles réalités derrière ces mots ?Une situation dégradéeDimanche 28 octobre, « un homme est mort qui n’avait pour défense que ses bras ouverts à la vie » aurait pu écrire Eluard. Le premier mort de la rue pour cet hiver qui commence. Ça ne sera pas le dernier… Déjà partout le 115 sature, et à Toulouse il y a quelques jours les salariés du Samu Social ont fait valoir leur droit de retrait pour dénoncer une situation insupportable. À Paris, sur les 1 200 appels journaliers, 400 restent sans solution. L’hiver arrivant, cette situation ne peut que s’aggraver.170 000 privés de toit, 3,5 millions de très mal-logés et les constructions de logements neufs qui chutent ce trimestre de 17 % par rapport au même trimestre en 2011. Une crise qui s’accroît toujours plus. Une « crise » profitable pour les grands groupes de l’immobilier. Pour Nexity, un chiffre d’affaires de 2,6 milliards d’euros prévus pour la fin de l’année grâce à l’envolée de l’immobilier de bureau. Comptez vos morts… ils comptent leurs sous.Affichage ou réelle volonté ?C’est dans ce contexte que le DAL a organisé une marche des réquisitions samedi 27 octobre pour souligner une réalité insupportable : 2,3 millions de logements vides selon l’INSEE, 170 000 sans-abris, et des millions de précaires du logement.« S’il est nécessaire, je ferai appel à l’ensemble des moyens disponibles, la réquisition fait partie de cette panoplie », a annoncé ­Cécile Duflot à la suite de ce rassemblement. Volonté de réquisitionner des logements vides confirmée par Ayrault 24 heures plus tard. Levée de bouclier immédiate des lobbys immobiliers et de la droite : droit de propriété contre droit au logement. Pourtant, la réquisition de logement est rendue possible par une ordonnance de 1945 et une loi de 1998, il faut donc appliquer la loi ! D’ailleurs, même Chirac a procédé à la réquisition de 1 200 logements vides. Espérons que le gouvernement Ayrault se montrera plus « radical » ! C’est sous De Gaulle que la plus grande vague de réquisition a eu lieu, dans les années 60 pour reloger… les colons d’Algérie !Un recensement des logements vides est en cours… Il faut maintenir la pression par nos mobilisations pour que ces annonces de réquisition soient suivies d’effets. C’est une mesure d’urgence nécessaire et l’histoire nous montre qu’elle est possible !Max Bess

À Nantes, les pauvres n’ont pas droit de cité

Voici plus d’un mois que le collectif de sans-abris « Un toit pour toutes et tous » a occupé le Lieu Unique à Nantes, la ville du Premier ministre, avec le soutien de nombreux militants associatifs, syndicaux politiques. En dépit de la répression, le mouvement continue.Après les expulsions du Lieu Unique, du foyer Gustave-Roch et de la Manufacture, les sans-abris de Nantes ont encore fait les frais le 30 octobre des méthodes de la police d’Ayrault, en étant expulsés… de la rue. Les matelas installés face aux salons de la préfecture, en symbole de leur condition de vie, ont été confisqués, comme on efface une tâche de pauvreté.Pourtant, en occupant les lieux ou en manifestant, les sans-logis (avec ou sans papiers) entendent simplement faire respecter le droit fondamental au logement pour tous. Sans violence, en respectant les lieux et leurs utilisateurs.Illégal mais légitime !La répression dont ils sont victimes résume à elle seule la politique du PS face aux mobilisations : « Surtout pas de bruit ! » À tel point que les élus majoritaires de la ville de Nantes ont publié un communiqué appelant les sans-abris à « accepter le dialogue et surtout à cesser les occupations illégales ». Fausses promesses non tenues : toujours 1 500 sans-abris dans les rues de l’agglomération, et toujours quelques 9 000 logements vides, une mairie qui ordonne la répression… Il n’y a pas de dialogue possible avec les menteurs, il n’y a que le rapport de forces. Les occupations sont peut-être illégales mais elles sont surtout légitimes.En signant ce communiqué, les élus des partis alliés au PS à Nantes (EÉLV, PRG, MRC, UDB mais aussi le PCF et les Alternatifs), ont sacrifié leurs convictions sur l’autel de la solidarité de gestion. On ne peut pas à la fois gérer la misère et la dénoncer...Bertrand Achel