Publié le Vendredi 10 janvier 2014 à 07h33.

Saint-Denis (93) : le logement, première bataille de l’année

L’intervention de la police dans la basilique le dimanche 15 décembre contre les expulsés qui s’y étaient réfugiés (cf. l’Anticapitaliste n° 222), intervention contre l’avis des prêtres, contre l’avis du maire, a provoqué une onde de protestations qui a obligé la préfecture et le ministère du Logement à bouger.

D’abord, le fait notable, c’est le changement de positionnement de la mairie vis-à-vis de la lutte. Alors qu’en juin elle était à l’initiative de l’expulsion des habitants des immeubles squattés, conjointement avec la préfecture, et se refusait à tout geste de solidarité, la ténacité des habitants qui sont restés pendant tout ce temps sur la place du Caquet à proximité de l’hôtel de ville, la dureté de la météo et la proximité de l’échéance électorale l’ont amenée à modifier son point de vue. Le maire est venu pendant l’intervention policière et a forcé le barrage de police pour se mettre au côté des habitants dans la basilique. Avec lui, d’autres forces se sont solidarisées. Le PCF, le PG, EÉLV, LO, qu’on n’avait pas vus pendant ces 6 mois, se sont enfin déclarés solidaires. La section du PS et le député socialiste de la circonscription Mathieu Hanotin se sont aussi exprimés publiquement en soutien. 

Pour un hébergement durable et digneLe ministère du Logement a dû accepter de recevoir une délégation des habitants et des soutiens, conduite par le maire. Mais cette rencontre a été un jeu de dupes. Le soir même, la préfecture proposait 20 places dans 4 hôtels sociaux du département. Les habitants ont pris ces places une nuit et les ont refusées ensuite. En effet, il ne s’agissait que de foyers-dortoirs de 4 à 7 places, avec des horaires stricts et infantilisants, avec impossibilité de laisser des affaires, où la sécurité, l’hygiène et la promiscuité des lieux sont incompatibles avec la vie de travailleurs du bâtiment ou de la restauration.En un mot, le dispositif mis en place par le gouvernement, le 115 comme l’hébergement d’urgence, est en faillite. Cela témoigne du peu de cas fait par le pouvoir, des exclus, des mal-logés, des sans-papiers. Misère et cynisme d’une politique qui n’a rien à voir avec la solidarité !Où en sommes-nous en ce début d’année ? La ville et l’église catholique ont hébergé pendant les deux semaines des fêtes les habitants expulsés dans une salle de la paroisse puis à l’hôtel. Si le ministère se refuse de prendre le relais de la ville, la négociation avec la préfecture a repris, la revendication d’un hébergement durable et digne reste entière. Ce sera à Saint-Denis la première bataille de l’année 2014.

JMB