Il y a deux ans, le Raid intervenait au 48 rue de la République à Saint-Denis contre le groupe de terroristes impliqué dans les attentats du 13 novembre 2015. L’immeuble s’est en partie effondré suite à l’assaut et aux explosions. Il était habité par 45 ménages qui se retrouvent alors à la rue. Hébergés à l’hôtel, en résidence, ils se sont organisés en association pour défendre leurs droits.
Pendant ces deux ans ils ont négocié avec l’État : ils ont obtenu la régularisation des sans-papiers, à l’exception de trois d’entre eux, la garantie du relogement, et surtout ils se sont battus pour faire reconnaître leur situation de victimes du terrorisme mais n’ont obtenu qu’une reconnaissance au rabais, et donc des indemnités moindres.
Double stigmate
L’État a, depuis le début, considéré les habitantEs du 48 comme des victimes de seconde zone, avec un double stigmate : habiter à Saint-Denis, ville populaire et pauvre, et avoir été « choisis » par les terroristes pour se cacher parmi eux, en faisant des complices de fait.
Résultat : moins d’énergie à répondre aux préjudices, moins d’empressement à répondre aux besoins... Bref, le mépris social, avec des injonctions autoritaires de présence ou de recherche d’emploi.
Deux ans après, 5 habitants se retrouvent à la rue, moins de la moitié des habitantEs sont relogés, et les indemnités modestes versées au ralenti.
La commémoration du deuxième anniversaire des attentats, avec le fort engouement des médias, a incité les habitantEs à relancer la mobilisation. Le vendredi 17 au soir, comme les réponses côté mairie et préfecture étaient négatives, les 5 exclus, avec l’appui du collectif et des soutiens, ont commencé à camper au pied de l’immeuble. Ils y sont restés 5 jours et nuits. Ils ont aussi participé à l’occupation organisée par le DAL du gymnase Roquépine, près de l’Élysée, avec 40 autres sans-abris de l’Île-de-France, exigeant le respect du droit à l’hébergement et au logement.
Le 23 novembre, les 5 ont obtenu un hébergement ! Lors d’une réunion qui s’est tenue dans l’après-midi avec la préfète à l’égalité des chances et la sous-préfète, l’engagement était pris de l’hébergement (avec une amélioration de la qualité de celui-ci) de touTEs les habitantEs jusqu’au relogement, la mise en place d’une MOUS (dispositif facilitant le relogement de personnes en difficulté), et le réexamen bienveillant des deux personnes sans titre de séjour que la préfecture refusait jusqu’à ce jour de régulariser.
Cette victoire s’est accompagnée, le lendemain, de celle des 40 occupantEs du gymnase Roquépine, qui ont obtenu un hébergement et la tenue d’une réunion avec la ville de Paris sur les relogement définitifs.
Champagne !
Jean-Marc Bourquin