Publié le Mercredi 10 décembre 2025 à 11h00.

18 décembre, journée de lutte pour les droits des personnes migrantes

Le 18 décembre est la Journée internationale des droits des personnes migrantes. Cette date, portée depuis des années par les collectifs de sans-papiers, les organisations antiracistes et les réseaux de solidarité, est devenue en France une journée nationale de mobilisation. 

Elle s’inscrit contre la répression, le racisme d’État, les politiques sécuritaires et les lois toujours plus dures qui précarisent, enferment et expulsent (lire le dossier pages 4 et 5). Cette année encore, la mobilisation prend un relief particulier dans un contexte de surenchère sécuritaire et d’attaques générales contre les droits des étrangerEs.

L’abandon des mineurEs non accompagnéEs au cœur de la mobilisation

Au cœur de cette journée, la situation des mineurEs non accompagnéEs est emblématique de la violence institutionnelle. Partout sur le territoire, des centaines de jeunes sont laissés à la rue, privés de protection, d’accès à l’école, à la santé, à un hébergement digne, sous prétexte de procédures d’évaluation interminables et arbitraires. Une proposition de loi doit être examinée à l’Assemblée nationale le 11 décembre, visant à imposer la prise en charge immédiate par l’Aide sociale à l’enfance des mineurEs non accompagnéEs dès leur présentation, le temps de leur évaluation de minorité. Cette mesure répondrait à une urgence vitale. Mais elle ne suffirait pas si l’État continue à organiser la suspicion, le tri et l’abandon.

Des politiques mortifères

Le 18 décembre s’inscrit également dans un cadre inter­national marqué par l’intensification des politiques de contrôle et d’externalisation des frontières, la criminalisation des solidarités et l’augmentation dramatique des morts sur les routes de l’exil. En France, la loi Darmanin, les circulaires renforçant les expulsions et les opérations de rafles massives témoignent d’une politique assumée de harcèlement et de répression.

« Journée sans nous » : rendre visible l’invisible

Face à cela, le mot d’ordre est clair : « Journée sans nous : si on s’arrête, tout s’arrête ». Avec ou sans papiers, immigréEs, enfants d’immigréEs, travailleurEs, étudiantEs, habitantEs de quartiers, il s’agit de rendre visible ce que le système cherche à invisibiliser : sans les immigréEs, une partie essentielle du pays ne fonctionne pas. Cette journée porte des ­revendications nettes : abrogation de la loi Darmanin, régularisation des sans-papiers, fermeture des centres de rétention administrative, égalité des droits à l’école, au logement, à la santé, aux transports, au travail et à la culture.

Une mobilisation nationale, populaire et unitaire

Des mobilisations auront lieu dans toute la France : rassemblements et marches à Besançon, Chartres, Dijon, Foix, Lannion, Laval, Lille, Limoges, Lyon, Marseille, Montpellier, Nancy, Nantes, Nîmes, Pamiers, Paris, Rennes, Romans-sur-Isère, Rouen, Toulouse… Manifestations aux flambeaux, assemblées publiques, cantines solidaires, matchs de football, projections, stands et permanences juridiques composeront un 18 décembre à la fois ­combatif, populaire et unitaire. À Paris, un camp de base anti­raciste, une assemblée publique et une grande manifestation sont prévus place de la République.

Mais cette journée ne peut être une fin en soi. Alors que les agressions racistes se multiplient et que l’extrême droite progresse, l’autodéfense, l’organisation collective et la riposte politique sont indispensables. Partout, il faut renforcer les collectifs de sans-papiers, de mineurEs isoléEs, les collectifs antiracistes et antifascistes, les syndicats combatifs pour l’égalité des droits et la ­régularisation.

Municipales 2026 : imposer nos revendications

La lutte se poursuivra dans la campagne des municipales de 2026. Nous devons y imposer nos exigences : accueil inconditionnel, accès effectif au logement, à la santé, aux transports, à l’école et au travail pour toustes, arrêt des violences policières et de l’islamophobie. Face aux tentatives d’implantation du RN et de Reconquête, il est urgent de construire un rapport de forces local, ville par ville, quartier par quartier.

Construire la solidarité dans la durée

Le 18 décembre est une journée de visibilité, de dignité et de lutte. Mais c’est surtout un point d’appui pour construire, dans la durée, une solidarité à la hauteur de l’offensive raciste et sécuritaire. Parce que l’égalité des droits n’est pas négociable, et parce qu’aucune émancipation réelle ne sera possible sans les personnes migrantes.

Amel