« Il est mensonger de parler d’apartheid israélien. » Cette déclaration n’est pas celle d’un membre du gouvernement israélien d’extrême droite mais... du maire de Montpellier, Michaël Delafosse, à l’occasion de la 46e « Journée de Jérusalem ».
Il ajoute : « Nous ne pouvons avec le préfet de l’Hérault accepter un qualificatif profondément erroné, blessant, mensonger, qu’est celui d’apartheid. » Et il ne s’en est pas tenu là, selon la presse locale qui commente « C’est un vibrant plaidoyer pour Israël et pour le lien entre Montpellier et sa ville jumelle Tibériade qu’a livré Michaël Delafosse (…) »1.
Rassemblement le 1er juillet
La veille, le samedi 24 juin, et comme un mois auparavant, la « Coalition Montpellier contre l’apartheid » avait déposé un rassemblement sur la place de la Comédie pour dénoncer l’apartheid israélien. Malgré l’interdiction de ces deux rassemblements par le préfet, le 24 juin nous avons organisé une conférence de presse et un tractage dans une rue très passante joignant la préfecture et la place de la Comédie. Et dans la foulée, nous avons réussi, samedi 1er juillet, à imposer un rassemblement et à déployer la banderole de la coalition en plein centre-ville. Enfin ! Que de luttes pour populariser un constat désormais consensuel sauf chez les sionistes et leurs soutiens...
Rappelons que l’apartheid, à la fois un système et un crime, est défini par le droit international comme un « régime institutionnalisé d’oppression systématique et de domination d’un groupe racial sur tout autre groupe racial en vue de le contrôler et de maintenir le régime ». Cet apartheid est désormais largement documenté de manière « officielle » par au moins sept rapports de l’ONU et d’ONG depuis 2021 (dont celui de Bet’Selem, ONG israélienne, de Human Right Watch parus en 2021, et celui d’Amnesty International paru en février 2022). S’appuyant sur ces publications, la coalition Montpellier contre l’apartheid est créée en mars 2023 par une vingtaine d’associations, partis et syndicats.
Pour une Zone libre d’apartheid israëlien
L’objectif de la coalition ? Gagner le fait que Montpellier soit déclarée « Zone libre d’apartheid israélien » à l’image de la décision prise par la maire de Barcelone Ada Colau pour sa ville. Début juin, la coalition s’est adressée au maire pour demander « que la Ville de Montpellier et la Métropole suspendent tous les liens institutionnels avec Israël et le jumelage avec Tibériade » et pour qu’il arrête de soutenir et de participer à la dite « Journée de Jérusalem », qui célèbre chaque année depuis 46 ans la « réunification de Jérusalem » !
On voit le niveau du rapport de forces qu’il faudra établir à Montpellier où l’État d’Israël bénéficie de soutiens institutionnels de poids. À Montpellier, quelques commerces et lieux culturels se sont déjà déclarés « ZLAI » en apposant l’autocollant de la coalition sur leur devanture. Cette campagne, en lien avec celle de BDS, vise plus largement à élargir le soutien à la résistance palestinienne dans ses différentes dimensions.
Comme l’affirme le communiqué de presse de la coalition, malgré les différentes tentatives pour museler notre apparition : « La criminalisation de notre expression et la répression ne sauraient freiner notre détermination à combattre ce crime contre l’humanité ». Les voix de la solidarité internationale qui critiquent Israël sont, en fait, incontournables.
- 1. Midi libre, 25 juin 2023, https://www.midilibre.fr…