La marche de ce samedi 12 avril, au départ initiée par le NPA, s’affirme de plus en plus comme une riposte majeure à la politique du gouvernement PS-Medef quelques jours après la validation par le Parlement de la politique de combat antisocial de Valls. Et dans de nombreuses villes des collectifs, des réunions unitaires préparent la montée sur Paris...
Affiches locales, tracts unitaires, appels autour de thèmes, positionnements spécifiques, se multiplient, mettant en lumière un rassemblement des ras-le-bol sur tous les terrains et sous tous les angles.
Débats syndicauxEn dépit du rappel à l’ordre de la direction confédérale, des structures fédérales, départementales, locales de la CGT, rejoignent l’appel des 200, le plus souvent à partir des préoccupations des salariéEs concernéEs, des mobilisations actuelles ou récentes. Malgré les réticences de la direction de la FSU, de nombreuses structures, locales ou sectorielles, s’inscrivent dans la démarche du 12 avril.De façon différente, des réticences se font aussi jour à Solidaires pour s’associer complètement à une initiative perçue comme étant à l’initiative d’organisations politiques et sujette à des contenus et prolongations empiétant sur les prérogatives syndicales. On retrouve ces mêmes hésitations dans les associations qui, le plus souvent, contournent la difficulté en proposant leur propre texte d’appel, centré sur leurs préoccupations, en plus de l’appel national.
Gauche sociale et politique ?D’une façon générale, le développement de la mobilisation pose la question des rapports du politique avec le social, et ce d’autant plus que la marche va avoir lieu entre deux échéances électorales qui mettent en évidence la profonde crise de représentation politique, notamment dans l’électorat populaire, illustrée par la progression régulière de l’abstention, et celle du Front national.Lors de la dernière réunion de la commission exécutive confédérale CGT, Thierry Lepaon, plantait le décor : « Je pense qu’on ajoute de la confusion et que des camarades se réfugient derrière le syndicat, la CGT, pour ne pas s’engager politiquement. C’est plus facile sans doute dans des périodes d’y aller avec un autocollant CGT qu’un autre. Mais la CGT, ce n’est pas le rempart pour se masquer, il faut assumer ses engagements ». Si la réponse massive des militantEs de la CGT se reflète dans l’engagement de nombreuses structures et au-delà de nombreux militantEs dans la construction de la marche, le débat laissera des traces importantes, comme avait pu le faire celui autour du TCE en 2005.
Sur le terrain politiqueD’autres débats traversent les collectifs unitaires, notamment autour de la montée à Paris. Depuis de nombreuses années, les cortèges sont parfois plus significatifs en régions qu’à Paris. De plus, en particulier dans des villes où le Front national a fait de gros scores (Perpignan, Marseille, Avignon), il y a la volonté de profiter de l’occasion pour (re)prendre la rue, (re)donner une visibilité à une dénonciation « de gauche » de la politique du gouvernement qui laboure le terrain pour le FN. À l’image des manifestations contre le dernier « Jour de colère » de l’extrême droite le week-end dernier, l’ampleur des cortèges sera le signe de l’ancrage de cette révolte de gauche, au-delà de Paris.Enfin, les stratégies politiques percutent la mise en place de la mobilisation. C’est notamment le cas pour le PCF qui, mécontent d’avoir dû accepter que l’initiative soit portée par une réelle mobilisation unitaire débordant sa perspective centrée sur les européennes, ne peut s’empêcher de tente d’accaparer le succès de la mobilisation. Quasi quotidiennement, l’Humanité martèle l’idée que la marche est à l’appel du PCF et simplement soutenue par d’autres, pendant que les initiatives locales sont soit boycottées, soit organisées de façon sectaire par ses seuls militantEs. Si l’attitude des autres organisations du Front de gauche est plus diverse, on perçoit la volonté de contrebalancer le poids du PCF en s’appuyant sur la volonté unitaire malgré les difficultés.
Continuer pour gagner !Ces stratégies pèseront sur les suites nécessaires au 12. L’ampleur et la tonalité de la Marche et de ses répliques locales indiqueront les possibilités de s’opposer concrètement, immédiatement, à la politique du gouvernement et singulièrement à la version relookée du Pacte de responsabilité.Il faudra faire vite, faire fort. Il faudra que la colère, la volonté de mettre un coup d’arrêt aux reculs sociaux imposent le dépassement des stratégies boutiquières ou électoralistes.
Robert Pelletier