Comme à l’occasion de chaque nouvelle année, le NPA souhaite contribuer de toutes ses forces à la construction d’un mouvement de grève générale, seul moyen d’imposer les revendications vitales pour le monde du travail et la jeunesse, en posant dans la rue la question du pouvoir. Mais en 2019, pour la première fois depuis longtemps, ce n’est pas une déclaration de principe mais l’optimisme de la raison que nourrissent les évènements de ces dernières semaines.
La résistance tenace et inattendue des cheminotEs durant tout le printemps n’a pas réussi à bloquer les attaques gouvernementales du fait d’une stratégie syndicale vaincue d’avance, mais elle constitue une expérience en maturation. Elle a entrouvert la possibilité de défier Macron, et son mépris social qui ruisselait bien plus insolemment que la croissance continue des profits de ses amis.
Cette expérience d’un combat d’ampleur nationale comptera pour la construction des luttes à venir, comme elle a pesé dans le surgissement du mouvement des Gilets jaunes à l’automne. La force propulsive de la mobilisation de centaines de milliers de femmes et d’hommes qui s’engageaient, pour beaucoup, pour la première fois dans des blocages, des manifestations, des assemblées générales… a permis non seulement de tenir dans la durée, mais surtout de changer le fond de l’air.
Nouveau souffle
Car d’une entrée en mobilisation contre une augmentation de taxe, les Gilets jaunes se sont enracinés et soudés autour de revendications offensives de « justice sociale ». Ils et elles ont remis au cœur de nombreuses discussions la redécouverte de la chaleur de la solidarité, et de l’épreuve de la force du collectif qui donne le courage de prendre la parole, de défendre pied à pied ses convictions, et aussi de s’affronter aux flics, ceux de la pensée comme ceux qui matraquent, mutilent et interpellent. Et ils et elles ont imposé un premier recul au gouvernement, donnant à réfléchir sur les questions qui taraudent : augmentation des salaires, défense de services publics pour satisfaire les besoins de santé, logement, éducation.
Ce souffle de renouveau et d’espoir dans la possibilité de se battre, pas seulement pour ne pas perdre des droits acquis, mais pour gagner sur des revendications, a traversé d’autres secteurs. La mobilisation contre les violences faites aux femmes ouvre l’espoir d’un renouveau du mouvement féministe qui encourage des dizaines de milliers de femmes, jeunes ou pas, à chercher à imposer l’application de l’égalité dans tous les aspects de la vie. Les marches pour la justice climatique ont regroupé autour de l’idée que la transition écologique, à l’opposé de « l’écologie industrielle » de Macron, ne peut pas s’opposer à la justice sociale, au plan national comme international ; au contraire, elle en est une des conditions. Graine d’espoir aussi à Ford Blanquefort où l’entêtement des équipes militantes a imposé au gouvernement de dénoncer la multinationale, et de légitimer la lutte pour la défense des emplois. Enfin, et ce n’est pas la moindre des nouvelles, la jeunesse lycéenne est descendue dans la rue pour contester les diverses formes d’une école dédiée à la sélection des premiers de cordées et à l’apprentissage de la soumission et de l’autorité. Le pas suivant pour cette jeunesse, confrontée à une répression inédite de la part des autorités, sera de formuler en positif ses besoins et ses aspirations pour penser le monde dans lequel elle veut construire son avenir en lien avec les autres mobilisations.
Des débats politiques à mener
Mais parce que tout cela n’a rien d’automatique, que les menaces de repli, la tentation de se laisser mener par des peurs et sombrer dans la recherche de boucs émissaires sont loin d’avoir disparu, le NPA compte bien jouer un rôle actif. Dans la construction des mobilisations sectorielles et leur convergence, mais aussi dans les débats politiques que les luttes nourriront. Et parmi ces débats, une question qui constitue une ligne rouge est celle de la solidarité internationaliste. Solidarité avec les réfugiéEs politiques, climatiques, économiques, quel que soit le motif, liberté pour toutes et tous de circulation et d’installation. Solidarité avec les peuples en lutte contre des régimes qui leur dénient la liberté et la dignité, du Nicaragua au Yémen, en passant par la Syrie, les peuples kurde et palestinien. Solidarité qui passe bien évidemment par le retrait des troupes françaises engagées sur tous les terrains d’opérations extérieures, qui ne défendent que les intérêts des groupes industriels français et le prestige de l’État qui les représente. Toutes ces questions seront au cœur de la campagne des élections européennes, au printemps prochain. C’est ce qui fait pour nous l’enjeu d’y faire entendre une voix révolutionnaire, c’est-à-dire anticapitaliste et internationaliste.
Cathy Billard