Mercredi 3 juillet, le bureau du Sénat a refusé de lever l'immunité parlementaire de Serge Dassault, toujours rentier du sénat à 88 ans, et avionneur milliardaire. La demande était formulée par la justice dans le cadre de deux enquêtes sur une affaire d'achat de voix et sur deux tentatives d'homicide à Corbeil-Essonnes, dont la mairie est la propriété du milliardaire...La levée de l'immunité a été rejetée par 10 voix, cinq sénateurs votant pour la levée et deux s'abstenant. Le bureau du Sénat a tiré en touche en ne se prononçant « ni sur le fond ni sur l'exactitude des faits », en faisant semblant de ne pas comprendre « les motifs évoqués ». La caste du Sénat veille sur les siens. Pourtant, il n'est pas bien difficile de connaître les dits motifs justifiant la demande de la levée de l'immunité parlementaire.
Les thunes et les urnes...La semaine précédant cette décision, l'homme de main de Dassault, Jean-Pierre Bechter, actuel maire UMP de Corbeil-Essonnes suite à l’inéligibilité de son patron, a été placé en garde à vue, avec le directeur du service jeunesse et sports de la mairie, pour être entendus sur une tentative de meurtre perpétrée en février. Le 19 février, un boxeur amateur de 32 ans avait été grièvement blessé après avoir reçu trois balles de calibre 38, en plein centre-ville. Le tireur, un patron « ex-voyou », « figure locale » qui fut proche de M. Dassault, est actuellement en fuite. Trois semaines plus tôt, un autre habitant de la commune avait été victime d'une tentative d'homicide. Si le lien entre les achats de voix et ces tentatives de meurtre n'est pas prouvé, il est évident. La mairie est l'objet de pression, voire de chantage de ceux qu'elle a achetés et qui lui demandent des comptes ou les règlent...L'élection municipale de 2008, qui avait vu la réélection de Dassault, a été invalidée par le Conseil d’État en juin 2009, pour des dons d'argent, achats de voix auxquels Dassault procédait généreusement grâce à sa fortune estimée à 9,9 milliards d'euros. Déclaré inéligible pour un an, ce dernier avait délégué la tête de liste pour la municipale d'octobre 2009 à son bras droit, Jean-Pierre Bechter, élu grâce à la générosité de son patron qui continuait à user des mêmes méthodes. Le patron et son homme de main cherchent à nier l'évidence, leurs exécutants semblent jouer de l'intimidation physique et le Sénat protège donc le milliardaire...
Yvan Lemaitre