Publié le Mardi 30 juin 2020 à 12h30.

Et dire que Fillon voulait me « foutre un procès »

Souvenir souvenir… C’était en 2017, en pleine campagne présidentielle. Depuis janvier, le candidat de droite Fillon, si pur, si droit, si froid, s’enfonce dans la tourmente au fil des révélations du Canard enchaîné. Plus on en apprend, plus ça sent la triche et le vol d’argent public. Costards, emplois fictifs : le scandale prend de l’ampleur mais le type ne lâche pas. Même lors de sa mise en examen, il ne retire pas sa candidature alors qu’il avait dit le contraire quelques jours auparavant. En plus, il ment effrontément. Mais c’est cohérent avec son habitude de piquer dans les caisses publiques. 

On se souvient de ce scénario incroyable. Isolé, fragilisé, il reste candidat. De toute façon Juppé, cet autre délinquant expert en emplois fictifs, envisagé un moment comme la roue de secours, refusera de prendre la relève. C’était trop d’ennuis en perspective. 

À titre personnel, je me souviens aussi de ce grand débat électoral du 4 avril. Fillon était juste en face et j’avais attaqué sur sa corruption. Il avait serré les dents et lâché un « Je vais vous foutre un procès ». On a attendu, mais le procès n’est jamais venu… Contrairement au sien bien sûr.

La campagne de Fillon avait pris du plomb dans l’aile mais, au total, il ne sera pas si loin du second tour. Preuve qu’à droite, on vit très bien avec ce genre de délinquance et qu’on fait preuve, malgré les discours, d’un certain « laxisme ». Il y a chez eux un sentiment d’impunité et une arrogance sans limite, à l’image du clan Balkany qui a pourtant fini par payer en partie la note après une longue carrière de voleurs. Il faut reconnaitre que les lois sont bien faites, par exemple la comparution immédiate, ça n’existe pas pour eux. Il faut au contraire beaucoup de temps pour juger. 

Mais parfois, ça arrive. Comme cette semaine, avec la condamnation de Fillon à cinq ans de prison (dont deux ferme), à 10 ans d’inéligibilité, à 375 000 euros d’amende, à rendre l’argent. C’est quasi délicieux. Bon d’accord, il fait appel et il ne paiera pas tout de suite. Mais il est condamné, lourdement, signe qu’il a trompé et qu’il a bien piqué. Comme tant d’autres, bien trop souvent restés impunis. Car derrière ces condamnations individuelles, il s’agit bien d’un système de corruption qui est celui d’une classe sociale, celle des capitalistes, de ces grosses fortunes qui confondent par principe les caisses publiques avec leurs comptes personnels. Mais des fois, il y a un peu de justice.