Publié le Mercredi 24 juillet 2013 à 10h09.

Affaires : nouvelle réplique d’un séisme

Malgré un silence médiatique concerté, les révélations permises par les auditions des principaux acteurs de l’affaire Cahuzac dans le cadre de la commission d’enquête parlementaire accusent Moscovici et Hollande.Le 16 juillet dernier, trois ministres, Taubira, Valls et Moscovici, étaient auditionnés par la Commission d’enquête parlementaire mise sur pied suite à la démission de Cahuzac le 19 mars. L’objectif de la commission présidée par le député centriste Charles de Courson et dont le PS a tenu à s’assurer qu’un de ses députés, Alain Claeys, en soit le rapporteur général, est officiellement d’établir « d’éventuels dysfonctionnements dans l’action du gouvernement et des services de l’État ». Tous au courantS’il ne s’agissait que des ministres du gouvernement et des représentants haut placés de l’État, aucun dysfonctionnement ne serait sans doute constaté. Une fois de plus, les ministres ont nié être au courant de quoi que ce soit dans la détention d’un compte suisse par Cahuzac et de la dissimulation de celui-ci au fisc avant que l’ancien ministre du Budget lui-même en fasse l’aveu. Au mépris de toutes les révélations déjà faites dans l’enquête menée par les journalistes de Mediapart qui ont rendu publique l’information le 4 décembre 2012, de l’enquête judiciaire en cours et des auditions des principaux acteurs de l’affaire réalisées depuis la fin juin par la commission parlementaire elle-même. Car, de toute évidence, comme l’a longuement expliqué lors de son audition le journaliste de Mediapart qui a mené l’enquête, Fabrice Arfi, tous les parlementaires et personnages haut placés de l’État étaient au courant. L’étau se resserre autour de Hollande qui, comme le président de la commission d’enquête, l’a déclaré, ne pouvait pas ne pas savoir. Il n’y a pas que Cahuzac qui a menti ! Moscovici, ministre de tutelle de Cahuzac, a été obligé de reconnaître au cours de son audition le 16 juillet dernier qu’il y avait bien eu une réunion le 16 janvier entre Hollande, Ayrault, lui-même et Cahuzac. C’est peu de temps après cette réunion qu’il a lui-même fait une demande d’entraide auprès des autorités suisses à propos du compte de Cahuzac, quelques jours seulement après l’ouverture d’une enquête préliminaire par la justice française et afin de déconsidérer celle-ci. Non seulement les autorités suisses ont répondu par la négative, faisant croire à l’innocence de Cahuzac, mais elles ont fait incarcérer le 5 juillet dernier Pierre Condamin-Gerbier, un ancien cadre de la banque suisse Reyl, auprès de laquelle Cahuzac détenait son compte, trois jours après que celui-ci a eu donné toutes les informations à la commission d’enquête parlementaire sur ledit compte... Affaires de gauche, affaires de droite...Malgré les complicités en très haut lieu qui lient les uns aux autres – Cahuzac, ses collègues ministres et Hollande – l’affaire suit son cours, après celle de Woerth, son ­prédécesseur de droite. Fabrice Arfi a rappelé que c’est en enquêtant sur l’affaire Bettencourt-Woerth qu’il a mis au jour le scandale Cahuzac. C’est Woerth, l’ancien ministre du Budget de droite qui avait refusé à un inspecteur des impôts en 2008 l’accès au dossier de Cahuzac, lequel lui a en retour rendu service dès son arrivée dans le même ministère en 2012 en commandant sur l’hippodrome de Compiègne un rapport qui dédouane Woerth. Et ces jours-ci, le fils de Laurent Fabius est l’objet d’une enquête administrative du fisc parce qu’il n’a pas payé un euro d’impôt sur le revenu, alors qu’il vient d’acheter un appartement pour 7 millions d’euros !Ces affaires jettent une lumière crue sur la réalité des milieux gouvernementaux, des hautes sphères de l’État, qu’ils soient de droite et de gauche, et de leurs liens avec les grandes fortunes. Tous n’ont que l’intérêt général à la bouche lorsqu’ils voudraient nous convaincre d’accepter leur politique de régression sociale au nom d’un futur et mensonger mieux-être. Mais le seul intérêt qu’ils servent est celui des grands groupes industriels et financiers et des grandes fortunes dont ils partagent ou rêvent de partager le mode de vie et les combines, dont beaucoup, comme l’optimisation fiscale, ont été légalisées par l’action des gouvernements successifs ces dernières années. C’est ce mensonge que dévoilent les affaires. Elles accentuent le discrédit du gouvernement Hollande qui apparaît être, autant que son prédécesseur, un gouvernement des riches pour les riches.Galia Trépère