Un décret laconique, signé par le président de la République, Emmanuel Macron, la Première ministre Élisabeth Borne et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, daté du 13 juillet et paru au Journal officiel le 14 juillet, indique que Gautier Béranger, préfet délégué à l’immigration pour la préfecture de police de Paris, quittera ses fonctions le 21 août.
Nommé en juillet 2022 auprès du préfet de police, Laurent Nunez, Gautier Béranger est, selon l’AFP, soupçonné d’avoir tenu des « propos racistes et sexistes ». Soupçons qui lui ont valu d’être suspendu à titre conservatoire de ses fonctions depuis le 25 mai pour des « faits susceptibles de (le) mettre en cause », confirmant ainsi une information du Canard enchaîné. Le ministère précisait alors qu’une « mission d’inspection a été diligentée ».
Indépendamment de la politique qu’il a contribué à mettre en œuvre sous Darmanin comme auparavant sous Hortefeux, le personnage est, en fait, un récidiviste. En 2008, Gautier Béranger était en effet adjoint du secrétaire général du ministère de l’Immigration, dirigé par Brice Hortefeux resté célèbre pour sa déclaration : « Il en faut toujours un (arabe). Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes ». En avril 2008, un agent de sécurité de Carrefour se voit demander par une caissière de vérifier les papiers d’identité d’un client souhaitant payer par chèque. Une vérification d’usage pour tout montant supérieur à 250 euros. Le client concerné n’est autre que Gautier Béranger qui, se prévalant de sa fonction, lui aurait lancé : « Monsieur, je vous connais, vous êtes sans papiers. (...) Sale Noir. Vous ne savez pas qui je suis. Vous pouvez mettre une croix sur votre carrière. » Malgré un dépôt de plainte pour diffamation et injures raciales, soutenue par le MRAP, les pressions exercées par Carrefour et le ministère, l’affaire avait été classée sans suite.