Publié le Mardi 29 octobre 2019 à 18h02.

Attentat islamophobe à Bayonne : un criminel, des responsables

Un homme de 84 ans a tenté d’incendier la mosquée de Bayonne et tiré sur les deux hommes qui essaient de l’en empêcher, les blessant grièvement. Une « attaque odieuse » (Macron), des « faits […] qui émeuvent et indignent » (Castaner)… Les périphrases gouvernementales se multiplient pour ne pas prononcer le mot qui qualifie ce qui a été commis : attentat. Et aussi pour se dégager immédiatement de toute forme de responsabilité.

Alors bien sûr il y a le criminel, un ex-militaire, ex-candidat du FN et pas du temps du père Le Pen, mais en 2015, dégagé car trop sulfureux mais toujours raciste et violent. Et les témoignages affluent pour le décrire comme menaçant et susceptible de passer à l’acte. Mais ce n’est pas dans n’importe quelles circonstances qu’il a commis son crime. Et c’est bien pour cela qu’on peut parler d’un attentat qui vise à terroriser les musulmanes et les musulmans. 

« Un acte inqualifiable absolument contraire à toutes les valeurs portées par notre mouvement » a twitté Marine Le Pen. Bien sûr, celle qui est candidate dans le cadre des institutions n’appelle pas au crime islamophobe. Mais les discours et les actes du RN et de ses représentants s’inscrivent dans une dynamique d’agressions de plus en plus violentes contre celles et ceux qui sont, en tant que musulmanEs, systématiquement suspectés de menace terroriste. Et le RN radicalise d’autant plus son discours que celui-ci pèse sur l’ensemble du débat public. 

« Dans certains endroits de notre République, il y a un séparatisme qui s’est installé », déclarait Macron quelques heures avant l’attentat, tandis que Castaner disait « attendre du CFCM un changement de rythme pour qu’il combatte, aux côtés de l’État, le communautarisme et l’islamisme ». Dans la continuité des déclarations au langage martial, voire guerrier, employé par les ministres et les dirigeants de LREM et LR dans une course à l’échalote derrière le RN…

Tous ceux qui entretiennent et développent ce climat islamophobe, qui n’est pas limité au cadre franco-français, lorsqu’un Trump se délecte d’affirmer que le chef de Daesh « est mort comme un chien », sont bien responsables des passages à l’acte criminel des racistes radicalisés. C’est pour cela que le NPA continuera de dénoncer les dangers de ces discours et qu’il participe aujourd’hui à la construction d’une mobilisation unitaire et massive contre l’islamophobie.

Cathy Billard