Les mésaventures de Jean Sarkozy dans sa tentative avortée de prendre la direction de l’Epad sont particulièrement révélatrices. D’abord, l’origine de l’affaire témoigne de l’incroyable arrogance du clan Sarkozy – à commencer, bien sûr, par le chef – qui considère l’État comme… sa propriété de famille ! Et son issue – sans doute provisoire… mais piteuse – dévoile l’ampleur des divisions qui traversent la majorité et les failles du régime.
Car cet épisode peu glorieux s’inscrit dans une succession de remous politiques qui agitent la majorité. Ainsi, les conclusions du rapport Rocard-Juppé sur le grand emprunt sont d’ores et déjà mises en cause par plusieurs dizaines de députés de la majorité qui trouvent son montant beaucoup trop timoré.
Sans doute conscients du risque politique et social encouru à terme par un gouvernement qui, de façon aussi outrancière, privilégie les plus riches et les milieux d’affaires, plusieurs autres députés de droite ont tenté de taxer (un peu) les banques ou encore de remettre en cause (à la marge) le « bouclier fiscal ». Vainement : on ne touche pas aux « grandes réformes » du Chef ! Il n’empêche : l’autorité de l’omniprésident a été contestée.
Plus alarmante encore (de son point de vue) : la contestation de sa réforme de la taxe professionnelle. Après un premier coup de semonce tiré par Alain Juppé l’accusant de « se foutre du monde », c’est maintenant un autre ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, qui mène la fronde et menace, avec 23 autres sénateurs, de ne pas voter le texte. Alors qu’une autre réforme, encore plus centralisatrice (et explosive pour les élus de droite) est déjà dans les tuyaux : celle des collectivités territoriales (avec la fusion des conseillers régionaux et des conseillers généraux).
Dans ce contexte délicat pour le pouvoir actuel, même Dominique de Villepin (pas encore sorti de l’affaire Clearstream) se croit autorisé à se présenter comme une alternative au sarkozisme !
Autant d’éléments qui confirment, une fois de plus, que Sarkozy est surtout fort de la faiblesse et de la léthargie de la gauche et des sommets du mouvement syndical…
François Coustal