Exilé à Barcelone depuis son cuisant échec lors de la « primaire de gauche » en 2017 et son élection douteuse lors des législatives, Manuel Valls a de nouveau la bougeotte. Est-ce son cuisant échec lors des élections municipales de mai 2019 à Barcelone (quatrième avec à peine plus de 13% des voix) et les perspectives d’un remaniement qui le poussent à multiplier les déclarations d’amour à Macron sur Twitter, à un tel point que cela en devient gênant ? Nul ne le sait. Une chose est toutefois certaine : l’ancien Premier ministre tente par tous les moyens d’occuper un petit espace dans les champs politique et médiatique en France.
Pour ce faire, Valls n’a pas hésité, la semaine dernière, à accorder une entrevue à l’hebdomadaire d’extrême droite Valeurs actuelles, dans laquelle il a défendu un point de vue qui n’a pas dû déplaire à une rédaction dont les obsessions racistes ne sont plus à démontrer. Surfant sur les débats suscités par les mobilisations contre le racisme et les violences policières, Valls a ainsi entonné l’un des couplets favoris de la droite extrême et de l’extrême droite : ceux qui dénoncent le racisme et les violences des flics ont un agenda caché et veulent en réalité détruire « la république ».
Pas à une outrance près, l’ex-ministre de l’Intérieur, invité à réagir à sa propre interview dans Valeurs actuelles sur une chaîne d’information en continu, dans un mouvement de circulation circulaire de l’information dont les grands médias ont le secret, a déclaré à propos de la mort d’Adama Traoré : « Dès le début de ce drame, la famille, le collectif, ont voulu instrumentaliser cette affaire avec un seul objectif : accuser les gendarmes et l’État ».
Autrement dit : Manuel Valls tente de revenir dans le paysage politico-médiatique français à la faveur d’un débat imposé par les mobilisations antiracistes, mais ce sont celles et ceux qui exigent de puis quatre ans la vérité sur la mort d'un jeune homme de 24 ans qui « instrumentalisent cette affaire ». Manuel Valls ose tout, c’est même à ça qu’on le reconnaît…
Sommes-nous condamnés à subir un retour de Valls, comme certains journalistes prétendument bien informés le laissent entendre ? Nous n’en savons rien. Mais ce que l’on sait, c’est que tout est possible en Macronie, y compris le recyclage d’un politicien sans scrupule, quand bien même il aurait manifesté au côté de l’extrême droite à Barcelone et tiendrait un discours qui, à quelques nuances près, n’a rien à envier à celui de la droite la plus rance.