Depuis le meurtre atroce de Samuel Paty, les amalgames, le déchaînement raciste et la « chasse aux sorcières » sont de mise de la part des membres du gouvernement et des plus réactionnaires. On pouvait malheureusement s’y attendre mais ils ne sont pas seuls : une certaine « gauche » semble également avoir perdu la raison. De ce côté là-aussi, les digues se fissurent !
Il n’aura pas fallu longtemps après le meurtre horrible de Samuel Paty pour que la « gauche » se divise ouvertement sur son rapport à l’islam, à la République et à la laïcité. Cette division n’est évidemment pas nouvelle, mais aujourd’hui beaucoup de monde à « gauche » participe à la « chasse aux sorcières » orchestrée par le gouvernement, la droite extrême et de nombreux pseudo-éditorialistes…
Valls superstar ?
Les premiers à avoir ouvert les vannes sont ceux du Printemps républicain, mouvement créé par des proches de Valls et implanté à la fois au PS et à LREM. On a eu droit à un festival, pendant plusieurs jours, avec Valls en « guest-star » sur toutes les chaînes d’infos ou presque, dénonçant ouvertement les « complicités » et la « capitulation » de certaines associations, organisations politiques et/ou organisations syndicales comme l’Unef, Sud-Éducation, le NPA, La France insoumise, la Ligue des droits de l’Homme…Selon le Printemps républicain et Valls, ce seraient toutes ces organisations qui auraient armé le jeune terroriste. Mais Valls, parmi les anciens ministres de Hollande, n’a pas été le seul, et il a été rejoint par l’ancien Premier ministre Cazeneuve qui a dénoncé les « discours ambigus » et les « lâchetés de l’islamo-gauchisme ». Discours repris par le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, qui en interne est entouré de membres du Printemps républicain, et dénonce particulièrement La France insoumise pour avoir participé, entres autres, à la Marche contre l’islamophobie du 10 novembre 2019. Côté Europe-Écologie-les Verts, Yannick Jadot après avoir cet été pris l’exemple du burkini pour dénoncer « l’islamisme radical », n’est pas en reste et implore la gauche « de se réveiller », demandant « fermeté et intransigeance contre les discours ambigus » y compris dans sa propre organisation politique, visant ainsi entre autres Ester Benbassa.
Les digues sont fissurées
Tout comme les membres du gouvernement ou la droite extrême, le principal reproche et motif de la « chasse aux sorcières » dans la gauche actuellement est la participation à la Marche contre l’islamophobie de novembre 2019, où se sont retrouvés entre autres le NPA, La France insoumise, EÉLV, ATTAC, Solidaires ou la CGT. Voilà donc le problème pour une partie de la gauche : la lutte contre l’islamophobie, c’est-à-dire le combat contre les discriminations à l’encontre des musulmanEs en particulier. Désormais, certains brandissent, comme le font les plus réactionnaires, l’« islamo-gauchisme », pour accuser et disqualifier toutes celles et tous ceux qu’ils considèrent « complaisantEs » avec l’intégrisme islamique car ils et elles refusent de participer à la stigmatisation de l’islam et des musulmanEs. Certains positionnements dans la gauche consistent donc à faire passer pour complices du terrorisme de façon plus ou moins claire des organisations syndicales, des partis politiques, des associations ou des journaux, reprenant ainsi l’idéologie et le vocabulaire de l’extrême droite et en ayant les mêmes cibles. Dans cette période, la position de certains, en particulier au PS, peut en outre être de l’ordre de la tactique politicienne… à l’approche de la présidentielle.
Pour le NPA, face aux semeurs de haine qu’ils soient de droite, d’extrême droite ou prétendument de gauche, il y a urgence à ce qu’une riposte unitaire voit le jour pour combattre l’islamophobie, les amalgames qui se multiplient ces derniers jours.