Publié le Vendredi 13 avril 2012 à 18h58.

« Aux capitalistes de payer leurs crises ! ». Un programme d’urgence anticapitaliste

Un bilan catastrophique pour les salariéEs

Le taux de chômage en France a atteint 10 %. Il y a maintenant 4,5 millions de chômeurs, 1,3 million de plus depuis 2008. Les conditions de travail se dégradent à grande vitesse, et le pouvoir d’achat se réduit avec l’augmentation des prix et la stagnation des salaires. Le nombre de pauvres en France a atteint 8,2 millions en 2009.En Grèce, où la crise économique a quelques pas d’avance, un tiers de la population vit dans la pauvreté, le nombre de SDF explose, certains salaires ont diminué de 40 %. Tout cela n’est pas une fatalité, c’est le résultat de politiques et d’une crise du capitalisme qui nous menace tous.La crise est le produit d’une situation folle. Alors que l’économie entrait en récession, les capitalistes ont fait le choix de maintenir à tout prix leurs profits en décidant de licencier et de maintenir des salaires bas, de prêter massivement aux populations et aux États à des taux usuraires. Au lieu d’investir cet argent, ils ont préféré le placer dans la finance. Le résultat était inévitable : les populations et les pays les moins puissants ne peuvent plus payer, l’argent investi dans la finance a perdu sa valeur puisqu’il ne correspondait à rien, et l’économie s’effondre. Les capitalistes et les gouvernements ont accéléré la crise par des mesures antisociales. En Grèce, les salaires et pensions de retraites ont été diminués de 17 %, la TVA a été augmentée de 4 %, les services publics ont été privatisés.

En France, la réforme des retraites, l’augmentation de la TVA, les suppressions de postes dans la fonction publique et les licenciements contribuent à faire payer la crise aux classes populaires.

Le bilan du gouvernement Sarkozy est un développement des inégalités, une dégradation des conditions de vie. L’objectif pour les capitalistes est d’utiliser la récession pour décupler l’exploitation, en espérant que cela relancera les profits.

Pour faire passer la pilule, un discours nationaliste est utilisé : il faudrait sauver l’économie française, taxer les importations, laisser les Grecs se débrouiller, expulser les étrangers. C’est une vaste arnaque ! Mettre en concurrence les travailleurs de différents pays, faire croire que c’est l’étranger qui est le danger ne peut avoir qu’un objectif : faire baisser les salaires de tous.

Parallèlement, la folie du capitalisme, révélée par la catastrophe nucléaire de Fukushima ou les tentatives d’exploiter le gaz de schiste, mène la planète à la ruine. Les gaspillages du capitalisme poussent au développement de moyens de production énergétique mortifères. Le réchauffement climatique provoque une montée des eaux et des modifications des climats qui sont une catastrophe pour des régions entières du globe. Et pourtant, les richesses existent. Au premier semestre 2011, les profits des entreprises du CAC 40 ont augmenté de près de 10 %, à 46 milliards d’euros. Au premier plan, Total, Renault, EDF et GDF-Suez, Vivendi, BNP et France Télécom… La production mondiale s’établit à 70 000 milliards de dollars et à 2 800 milliards de dollars en France … Alors, oui, nous pensons qu’il y a de l’argent pour sortir de la crise, qu’il y a des richesses pour organiser l’économie et le monde autrement. C’est le sens de la campagne de Philippe Poutou et des candidatures que soutiendra le NPA aux élections législatives

Un monde en crise profonde

La crise du système capitaliste est globale : crises bancaire et financière, dette, récession et austérité provoquent licenciements, chômage et insécurité sociale ; crise alimentaire, guerres et pillages impérialistes ; catastrophes nucléaires, changement climatique, crise énergétique, pollution…

Récession sans fond, dette sans finLe gonflement du crédit a dopé un système capitaliste à bout de souffle pour continuer à produire, consommer et faire du profit. L’éclatement de la bulle immobilière et la crise des subprimes aux États-Unis ont provoqué une cascade de faillites. Des sommes colossales ont alors été versées aux banques, prélevées sur les classes populaires par des plans d’austérité violents.

Ces choix aggravent les déficits publics, déjà creusés par des années d’aides au patronat et de réductions des prélèvements sur les profits et les hauts revenus. Les subventions aux banques et les plans de « relance » ont transféré l’endettement des banques aux États. Les marchés exigent des taux d’intérêt de plus en plus élevés et il est toujours plus difficile de rembourser.

Le financement massif des banques par le public a permis de reculer les échéances. Mais le défaut de la dette grecque jette le soupçon sur d’autres États, entraînant la hausse des taux d’intérêts, ouvrant la possibilité d’un effondrement en chaîne des banques. La mise sous tutelle de l’Italie est un signal très important, car son économie est bien plus forte que celle de la Grèce.

Le système est au bord de la faillite parce qu’à la différence de 2008, les États sont surendettés et sont la cible principale de la spéculation. Ils peuvent donc difficilement mettre en place de nouveaux pare-feu.Le système se dirige tout droit vers une récession. La crise des dettes des États a fini par entraîner une crise globale du secteur bancaire, aggravant celle de l’ensemble de l’activité économique… Les effets dopants de l’intervention des États en 2008 ont fait long feu.

Le fardeau de la dette pesait déjà lourdement sur les pays du Sud, il s’étend maintenant à des pays qui pouvaient se croire préservés.

C’est le capitalisme qui est en crise

La crise actuelle est le résultat de l’essoufflement du système. La concurrence entre les grandes puissances et avec les pays dits émergents a fini par aboutir à une situation absurde mais classique : les capitalistes produisent beaucoup trop dans les secteurs clés alors que des millions de personnes sont dans le besoin. La seule solution pour les possédants est de présenter la facture aux peuples. Elle est financière, sociale et écologique car la recherche du profit impacte tous les aspects de nos vies.

La surexploitation des travailleurs réduit le pouvoir d’achat et développe le chômage. Les privatisations et la volonté de faire des économies conduisent à la faillite des systèmes de protection sociale.

La même fuite en avant conduit à une gestion folle des ressources naturelles. Cela donne des choix aberrants tels que l’exploitation des gaz et huiles de schiste, le développement du nucléaire malgré des catastrophes régulières, un mouvement mondial d’accaparement de terres fertiles pour des cultures spéculatives au mépris du droit élémentaire des populations à se nourrir…

Les classes populaires, dans un environnement dégradé, avec des salaires moins élevés et des périodes de chômage, devront s’acquitter d’une hausse des factures d’énergie et des prix des denrées alimentaires, et devront payer pour subventionner les banques et contenir les déficits publics. C’est donc bien une double facture, sociale et environnementale, qui est présentée aux peuples. La crise est mondiale mais l’Europe est dans l’œil du cyclone Le capitalisme européen est en train de perdre le rôle dominant qu’il a occupé, seul puis avec les États-Unis, pendant plusieurs siècles. La brutalité des politiques d’austérité vise à contraindre les salariéEs à s’adapter au marché mondial de la force de travail.

L’incapacité des bourgeoisies européennes à unifier l’Europe les prive d’un plan de résistance à la crise. Les divergences s’exacerbent entre les différents pôles de l’Union européenne, entre le cercle riche du Nord autour de l’Allemagne et la périphérie du Sud et l’Irlande.

Les marchés financiers s’embarrassent rarement de démocratie, mais aujourd’hui les apparences ne sont même pas sauvegardées. Les gouvernements sont nommés en Italie et en Grèce directement par les agences de notation. Les plans d’austérité sont dictés à la virgule près par la Troïka composée de l’UE, de la Banque centrale européenne et du FMI.

Les dirigeants français et allemands veulent imposer le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) dans la zone euro. Au cœur du projet, il y a l’idée de « sanctions automatiques ». Il s’agit d’imposer à chaque État un carcan budgétaire pour contraindre les populations à accepter des politiques d’austérité. La Commission européenne, la BCE et le FMI prendront la décision d’accorder ou refuser un prêt et, ensuite, les pays devront payer, sans même consulter les Parlements. Tout versement sera assorti de taux d’intérêts qui s’apparentent à du vol. Ces choix politiques par en haut sont totalement assumés, malgré leur discours nationaliste, par les partis de droite et d’extrême droite, qui participent aux gouvernements et contribuent à diffuser des poisons racistes et chauvins, l’illusion que chacun, dans son pays, pourrait trouver une solution à une crise qui est mondiale.

Dégageons Sarkozy…

Réformes des retraites, stagnation voire réduction des salaires alors que les prix augmentent, déremboursement des médicaments, privatisation dans les hôpitaux, licenciements et suppressions de postes, chômage partiel, augmentation du délai de carence, augmentation de la TVA, faillites d’universités et de collectivités locales… voilà une liste des mesures prises pour financer les subventions aux banques et aux grandes entreprises. Se débarrasser de Sarkozy est une nécessité absolue. Son choix est d’imposer l’austérité comme seul débat et d’être le plus radical sur ce terrain. Il répond aux besoins des classes dominantes : leur seule option est d’imposer une défaite à la classe ouvrière de l’ampleur de celle qu’avait imposée Thatcher en Grande-Bretagne. Il brandit l’épouvantail de la Grèce et ressasse le message suivant : si nous ne voulons pas subir le même sort, nous devrions tout accepter.

Avec la TVA antisociale, les patrons seront totalement ou partiellement exonérés du financement des allocations familiales sur les salaires allant de 1,6 à 2,1 fois le Smic. 13 milliards de cadeaux supplémentaires s’ajoutent aux 31 milliards d’exonération dont les patrons bénéficient déjà. En contrepartie, la TVA, à taux dit normal, passera de 19,6 % à 21,2 %. C’est une nouvelle ponction sur le pouvoir d’achat des classes populaires. C’est l’existence même de la Sécu et de son financement par les employeurs, qui est en jeu.

Le patronat mène une guérilla incessante sur le temps de travail. Avec les accords emplois-compétitivité il pourrait augmenter le temps de travail pour le même salaire ou maintenir le temps de travail en baissant le salaire. Il s’agit là de la destruction d’un point fondamental du code du travail selon lequel le salaire et le temps de travail doivent s’inscrire dans un cadre collectif, et non à la merci de pressions et de chantages, entreprise par entreprise. Sarkozy s’en prend aux chômeurs en leur imposant le travail obligatoire, via la formation obligatoire puis l’obligation d’accepter le premier emploi proposé dans n’importes quelles conditions.

Enfin, concernant l’éducation, il promet de casser l’école primaire, le collège et le lycée comme il a attaqué l’enseignement supérieur. Il souhaite renforcer l’autonomie des établissements, notamment pour le financement et le recrutement des enseignants, renforcer le contournement de la carte scolaire. Le résultat ne pourra être qu’une augmentation des inégalités, une dégradation de la qualité de l’enseignement et une remise en cause des acquis des salariéEs de l’Éducation.

Sarkozy va chercher de vieilles recettes autoritaires, avec sa proposition de multiplier les référendums ! Il prétend en appeler « au peuple » pour « dépasser les blocages de la société ». C’est pourtant bien lui qui a imposé le Traité constitutionnel européen en s’asseyant sur le refus de la majorité des électeurs !

Alors oui, dégager Sarkozy est une urgence sociale et démocratique.

…sans faire confiance à Hollande !

François Hollande déclare vouloir « donner du sens à la rigueur », réduire le déficit à 3 % du PIB en 2013 et ramener à l’équilibre les comptes publics en 2017 par une réduction des dépenses de l’État. Les députés du PS s’abstiennent de voter contre le Mécanisme européen de solidarité et sur le pacte budgétaire. Hollande se situe, avec ses collègues socialistes des ex-gouvernements espagnol ou grec, sur le terrain de l’austérité.

Son programme ne prévoit rien pour prendre sur les profits et augmenter les salaires ou les recettes de l’État, rien pour lutter contre la précarité et contre le chômage, aucune mesure pour réduire le pouvoir des banques et des grands actionnaires. Ce sont toujours les mêmes recettes à coup de cadeaux aux entreprises. Elles ne font que renforcer les inégalités et alimenter la crise.

Sur l’une des attaques majeures du quinquennat de Sarkozy, la casse des retraites, la proposition de Hollande de permettre un départ à 60 ans ne concerne que ceux qui auraient 41 ans de cotisations. Pour le reste, il ne change rien. Globalement, les urgences sociales et écologiques sont absentes du programme du Parti socialiste. Alors que le système capitaliste engendre vagues de licenciements et explosion de la pauvreté, catastrophe nucléaire et pillage des ressources, les propositions du candidat socialiste ne permettront pas d’inverser le cours des choses. Europe Écologie-Les Verts et Eva Joly, de leur côté, niant ce pourquoi une partie de la population les a soutenus, se sont mis d’accord avec le PS concernant le maintien du nucléaire. De plus, l’absence de planification et de mesures radicales contre les banques rend irréaliste leur programme, tout comme celui de Mélenchon.

Contre l’extrême droite

Surfant sur le discrédit des partis traditionnels et sur le désespoir, Marine Le Pen tente de se présenter en candidate des masses populaires. Le programme du FN maintient pourtant les principes traditionnels de l’extrême droite : protectionnisme effréné, préférence nationale, racisme, autoritarisme notamment contre le droit de grève et les organisations de défense des salariés.

La mise en pratique de ce programme mènerait à une société encore plus policière qu’elle ne l’est aujourd’hui, où les inégalités seraient la règle. La place prise par le FN constitue un point d’appui permanent pour la mise en place de lois répressives et racistes. Le FN reste, en dépit de son application à paraître plus fréquentable, un parti qui n’hésiterait pas à renouer avec les traditions fascistes de l’extrême droite française.

Un candidat anticapitaliste

Il faut dégager Sarkozy et la droite, il faut combattre l’extrême droite, mais on ne peut pas faire confiance à Hollande pour mener une politique radicalement différente. Il est plus que jamais indispensable de faire entendre une voix anticapitaliste, de défendre un programme qui, refusant les fausses solutions nationalistes ou productivistes, s’appuie sur les exigences portées par les résistances contre la crise.

Le NPA s’est prononcé pour une candidature unitaire et anticapitaliste pour cette élection présidentielle, parce que face à l’offensive des capitalistes pour nous faire payer leur crise, il faut regrouper nos forces. Il a choisi de présenter Philippe Poutou, un militant, un ouvrier, pour défendre cette orientation.

Philippe Poutou porte donc un plan d’urgence contre la crise, des mesures de rupture avec ce système dominé par la recherche du profit, des mesures radicales pour prendre l’argent là où il est et construire une autre société. Cette candidature se différencie des autres candidatures à la gauche du PS. Elle se différencie de celle de Nathalie Arthaud car Philippe Poutou défend la nécessité d’une riposte unitaire du monde du travail, d’un bloc contre la crise et l’austérité.

Elle se différencie aussi de celle de Jean-Luc Mélenchon. En effet, le Front de Gauche cultive une ambiguïté permanente concernant ses rapports avec le Parti socialiste, Mélenchon affirmant qu’il ne participera pas à un gouvernement avec le PS tandis que le PCF se prépare à faire l’inverse... tandis que les différentes composantes du Front de Gauche soutiennent au jour le jour le PS quand il est au pouvoir dans les municipalités, les régions, etc. Ses options sont des demi-mesures, qui restent dans le cadre du système capitaliste. Le meilleur exemple est le refus de rompre avec le nucléaire, représentatif des liens qui existent entre le PCF et les lobbys pronucléaires. Le NPA défendra donc ses propres idées, tout en proposant à tous ces courants, si Hollande est élu, d’organiser une opposition de gauche à son gouvernement et sa majorité gouvernementale, contre l’austérité et la politique social-libérale aux ordres des marchés.

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