Ils s’étaient quittés légèrement fâchés en juillet dernier après la conférence sociale où le gouvernement avait décidé de jeter aux oubliettes la négociation entre le Medef et Sarkozy sur la compétitivité et l’emploi. Mais cela aura duré peu de temps. Jean-Marc Ayrault, en décidant de prononcer le discours d’ouverture de l’université du Medef le 29 août dernier (grande première pour un chef de gouvernement depuis la création du Medef en 1998), montre que le gouvernement PS veut nouer une relation positive, forte et durable avec le patronat. Beaucoup plus forte même que sous l’ère Sarkozy puisque pas moins de dix ministres sont allés à l’université du Medef.Les gages donnés par le gouvernement au patronat se sont multipliés cet été à travers, en particulier, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, qui après avoir appelé les salariés et les organisations syndicales de PSA à la responsabilité, s’engage désormais à ne pas alourdir la fiscalité des entreprises. Mais aussi avec la rencontre entre Hollande et les grands patrons du CAC 40. On est donc loin du discours du Bourget du candidat Hollande qui, à cette époque, n’avait qu’un seul ennemi : la finance.Lors de son discours, Ayrault en a fait des tonnes dans l’appel aux patrons. Se sachant attendu au tournant, il a pris soin de n’aborder aucun sujet susceptible de fâcher le patronat. Rien sur la taxation des revenus supérieurs à 1 million d’euros, rien non plus sur les licenciements, rien sur la pénalisation des entreprises qui abusent de la précarité, rien sur l’impôt sur les sociétés… En revanche, il a évoqué la future réforme fiscale qui, a-t-il assuré,« visera à améliorer le financement de l’économie, l’investissement et la compétitivité des entreprises »et indiqué que « pour peser en Europe et dans le monde, la France doit redevenir durablement compétitive ». Pour cela, pas question« d’ajouter de nouveaux freins à la conduite des entreprises », satisfaisant ainsi son auditoire. Pour être certain que le froid était dissipé entre eux, Ayrault conclut son discours sur le financement de la protection sociale :« il ne doit plus peser aussi fortement sur le travail[…]Nous définirons, début 2013, un nouveau modèle de financement, plus favorable à la compétitivité des entreprises ».Les signaux donnés au patronat par le Premier ministre sont forts, Laurence Parisot est aux anges. Les salariés, eux, devront attendre encore pour que le « changement » ait lieu. Le discours d’Ayrault et les premiers mois du PS au pouvoir montre ce n’est pas « le changement » qui est à l’œuvre mais les premiers renoncements. Alors que le chômage bat des records, que les licenciements se multiplient dans tous les secteurs d’activités, le gouvernement ne mène aucune politique faisant passer les emplois avant les profits. Face à ce gouvernement, il y urgence à se mobiliser, à construire une opposition unitaire à sa gauche !Sandra Demarcq