À entendre les uns et Les autres, la France entière (sauf Marine Le Pen) se réjouirait du résultat des élections aux USA. Mais, en fait, des multinationales françaises ont financé la campagne républicaine.
Qu’il y ait des relations étroites entre les grandes entreprises capitalistes et ceux qui prennent les décisions (gouvernements, élus, très hauts fonctionnaires,…) est une évidence. Ils se rencontrent fréquemment, non seulement dans le cadre de leurs fonctions, mais aussi à titre amical. Et, à l’exemple d’Emmanuel Macron, ils peuvent virevolter entre l’administration, la politique et le secteur privé. En France, nombre de politiques arrivent ainsi de grandes entreprises ou y retournent, comme l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, qui siège désormais au conseil d’administration d’Atos (services numériques).
Mais il y a un autre support des relations entre entreprises et décideurs : les flux d’argent pour influencer ces derniers. Sur la base de leurs déclarations des dépenses de lobbying, il est possible de tracer au moins une partie (certaines dépenses plus discrètes ne sont évidemment pas déclarées) des sommes consacrées au niveau mondial par les entreprises à faire entendre leur voix auprès des décideurs. D’après un rapport de l’Observatoire des multinationales, Airbus et Sanofi viennent en tête avec 6 et 6,9 millions d’euros de dépenses déclarées en 2019. Ils sont suivis par Total (4,7 millions) et Engie (3,8 millions).
Il s’agit pour ces entreprises soit d’obtenir des avantages, fiscaux par exemple, soit de s’opposer aux initiatives (comme les réglementations écologiques ou financières) susceptibles de les gêner. Ces dépenses déclarées n’incluent évidemment pas les virements sur des comptes dans des paradis fiscaux et donc les versements de pots-de-vin, pour acheter un vote ou obtenir des marchés. Figurent ici seulement les factures des dépenses consacrées à nouer ou entretenir de « bonnes relations ».
En Europe, les financements des campagnes électorales n’apparaissent pas dans les sommes déclarées mais c’est le cas aux États-Unis. Selon les chiffres disponibles début novembre, le premier contributeur du CAC 40 à la campagne électorale US de 2020 est le groupe pharmaceutique Sanofi. Suivent Axa, Vivendi, BNP-Paribas et Airbus. Et les versements de Sanofi, Axa et Airbus penchent clairement en faveur des républicains. Mais au fond, Républicains ou Démocrates, les géants du CAC n’en ont pas grand-chose à faire : l’essentiel c’est que ce soit « business as usual ».