Les révélations de Disclose concernant Agnès Pannier-Runacher jettent une fois de plus une lumière crue sur les pratiques de celles et ceux qui nous gouvernent et nous donnent des leçons de « sobriété ». On a ainsi appris que la ministre a signé, en 2016, les documents autorisant trois de ses enfants (mineurs à l’époque) à devenir actionnaires de la société Arjumen, créée par le père d’Agnès Pannier-Runacher. Ce dernier a apporté 1,2 million d’euros de capital dans Arjumen, venus, selon Disclose, de fonds spéculatifs dissimulés dans des paradis fiscaux, en Irlande, à Guernesey et dans le Delaware. Des fonds spéculatifs dans lesquels l’entreprise anciennement dirigée par Runacher père, Perenco, deuxième producteur français de pétrole brut, possédait ses propres investissements.
En résumé : la ministre de la Transition énergétique a permis à son père de verser de l’argent sentant le pétrole et les paradis fiscaux à ses petits-enfants, tout en contournant toute forme de droit de succession. Une bien belle leçon de transparence, de civisme et… de conflits d’intérêts. Agnès Pannier-Runacher s’était rendue célèbre en affirmant en 2021, devant un parterre d’entrepreneurs, avec son accent bourgeois : « J’aime l’industrie car c’est l’un des rares endroits au 21e siècle où on trouve encore de la magie. La magie du ballet des robots, du ballet des hommes. La magie de l’atelier où on ne distingue pas le cadre de l’ouvrier. […] Lorsque tu vas sur une ligne de production, c’est pas une punition. C’est pour ton pays, c’est pour la magie-han ».
À chacun sa magie… Et c’est probablement convaincue d’avoir des talents d’illusionniste qu’Agnès Pannier-Runacher a rejeté en bloc les accusations de Disclose, affirmant n’avoir rien fait d’illégal et dénonçant des « allégations fausses et calomnieuses ». La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) a quant à elle annoncé avoir lancé « des vérifications approfondies de la situation ».
Affaire à suivre donc, et nous saurons dans les semaines qui viennent si Agnès Pannier-Runacher rejoindra la longue liste des ministres et membres de la Macronie qui ont eu maille à partir avec la HATVP (parmi lesquels la Première ministre Élisabeth Borne, qui avait « oublié » de déclarer six mandats dans des conseils d’administration), sans même parler de ceux qui sont sous le coup d’une enquête, voire d’une mise en examen (de Dupond-Moretti à Alexis Kohler en passant par Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu ou encore Olivier Dussopt). La « république exemplaire » selon Macron et les siens.