Publié le Vendredi 8 juillet 2016 à 11h31.

Brexit : En France, démagogie et faux semblants

La crise ouverte par la victoire du « leave » au référendum britannique a mis la question européenne au centre de la scène politique française.

L’extrême droite a été la première à se réjouir de la victoire du Brexit, « Victoire de la liberté ! a twitté Marine Le Pen. Comme je le demande depuis des années, il faut maintenant le même référendum en France et dans les pays de l’UE ». Ce sera un des points clés de sa campagne à la présidentielle mais Marine Le Pen se montre prudente. Elle promet un référendum sur la sortie de l’UE « dans les six mois » au cours desquels elle négocierait à Bruxelles le « retour en France de quatre souverainetés essentielles : territoriale, monétaire, législative et économique ». Derrière l’agitation contre l’UE qui nourrit de grandes envolées lyriques sur le thème du « printemps des peuples » comme au moment de la Chute du Mur, il y a une approche plus pragmatique compatible avec ce que voudront les multinationales dont elle espère avoir à défendre les intérêts au pouvoir.Ce qui ne change pas, c’est la démagogie nationaliste, xénophobe et raciste. « Il ne reste plus qu’une alternative aux peuples européens : rester pieds et poings liés dans une union qui trahit les intérêts nationaux et la souveraineté populaire, ouvre grand nos pays à l’immigration massive et à la finance arrogante, ou décider de retrouver leur liberté par le vote. » Le nationalisme pour faire croire à des intérêts communs entre travailleurs et capitalistes français, le racisme pour diviser les travailleurs entre eux. Un danger mortel.

Ils sont pour l’Europe forteresse

Parmi les tenants de l’Europe capitaliste, François Hollande s’est saisi de l’occasion du Brexit et des positions du Front national pour tenter de grandir les enjeux de sa réélection. « L’élection présidentielle va se jouer aussi sur la participation de la France à l’Union européenne ». « On ne décide pas d’un référendum par convenance personnelle ou habileté politique », a-t-il ainsi déclaré contre celle qu’il a appelée « Madame Frexit ». Mais cette Europe qu’il défend, c’est celle qui ferme – et encore, pas suffisamment selon lui – ses portes aux millions de femmes et d’hommes qui voudraient y trouver refuge. Surfant sur les craintes liées aux préjugés sur l’immigration, il fait le choix de s’afficher comme voulant « le rétablissement d’un contrôle effectif des frontières » extérieures de l’UE, le renforcement d’une Europe forteresse.

Ainsi, il se situe sur le même terrain qu’un Sarkozy qui dit : « l’Europe a des frontières, elle doit enfin les faire respecter », ou qu’il n’est pas question d’un nouvel élargissement de l’UE, en particulier vis-à-vis de la Turquie.Autant dire qu’il serait illusoire de compter sur Hollande, à l’égal de ses rivaux de droite, pour faire barrage à Le Pen.

Souverainisme, nationalisme, même combat

Mélenchon se veut le candidat de la « sortie des traités européens » et tenant d’un souverainisme de gauche, avec cette particularité toute personnelle que son discours, quoi qu’il s’en défende, est imprégné de chauvinisme et de xénophobie anti-allemande. « Ce non est d’abord l’échec de l’Europe allemande, écrit-il dans son blog. Cette Union européenne de l’austérité, du dumping, du libre-échange. […] Dès lors, la réaction de François Hollande n’est pas au niveau de l’Histoire. Pas de nouveau traité ? Pas de référendum ? Juste des aménagements aux textes existants ? Et pour quoi faire ? Des règlements sur les investissements ! Et une nouvelle étape dans la liquidation de l’indépendance de notre pays : l’intégration de nos forces armées ! Bon appétit ! Et là-dessus, courir voir Mme Merkel à Berlin sur le mode "allo maman bobo" est la preuve d’une analyse faussée du résultat. »

Mais l’escroquerie majeure, c’est de laisser croire que la population, les travailleurs, auraient davantage de liberté, de moyens de diriger leurs vies, d’imposer d’autres politiques que les politiques d’austérité simplement parce qu’ils seraient revenus à la France d’avant, à une nation souveraine, « à l’indépendance de notre pays ».Non, il n’y a pas d’issue possible pour les travailleurs, les jeunes, dans le cadre de la mondialisation capitaliste, qu’une perspective internationaliste, une Europe des travailleurs et des peuples.

Galia Trépère