Ce samedi 25 février, Philippe Poutou était invité, par équité du temps de parole, de l'émission de Laurent Ruquier. Il venait notamment y défendre l'interdiction des licenciements. Mais la question n'a pu être abordée qu'au bout d'un long fou rire des chroniqueurs et des invitéEs. Une véritable démonstration de mépris de classe.
Ainsi, Vanessa Bugraff, journaliste et chroniqueuse, aura mis plus de deux minutes pour poser sa question à Philippe, entre les rires et les fous rires de l’animateur vedette, de ses chroniqueurs, mais aussi des invitéEs. Et qu’est-ce qui les a fait autant rire ? La question des licenciements ? Notre revendication de les interdire ? Certainement, mais pas seulement...
A priori, Philippe lui-même, « petit candidat », semble avoir été un sujet de plaisanterie pour ces messieurs dames. Après après un très classe « vous êtes invité parce qu'on est obligé » lancé par Ruquier, entre deux fous rires, Yann Moix en a rajouté une couche : s'adressant à Vanessa Bugraff, « tu parles peut-être au prochain président de la République », pour s’esclaffer de plus belle... Cette séquence, consternante, est au-delà le condensé d’un mépris de classe, d’un mépris social de la part d’une certaine élite prétendument bien-pensante...
Un candidat pour rire ?
Une nouvelle fois, certains journalistes ou faisant office de, ont du mal à se faire à l’ouvrier candidat. On aura donc bien vu samedi soir la différence de traitement entre Thierry Solère, le porte-parole de Fillon, et Philippe. Respect et écoute pour l’un, rires et moqueries pour l’autre, participant ainsi à l’idée que l’élection présidentielle, considérée comme la plus importante de nos institutions, devraient être réservée aux politiciens professionnels, et à eux seuls... Il y a pourtant eu auparavant Arlette Laguiller et Olivier Besancenot, mais eux, bien que non professionnels de la politique, avaient fini par acquérir au fil du temps une certaine reconnaissance médiatique et politique.
Pourtant, quoi de plus légitime, dans un système qui se prétend démocratique, que de se faire représenter par une personne ordinaire, qui partage les conditions de vie et les préoccupations de la grande majorité de la population ? Une personne qui bataille actuellement avec ses collègues pour la défense de l'emploi, la survie de son usine, quelqu'un qui pointe la semaine...
Plus que jamais, il est nécessaire de s’organiser afin que nous ne laissions plus les autres décider à notre place, car les choix, politiques comme économiques, ne sont pas l’affaire de spécialistes ! Nous, salariéEs, précaires, chômeurEs, jeunes, retraitéEs... avons notre mot à dire, en particulier - n'en déplaise au plateau de l'émission « On n'est pas couché » - sur comment lutter contre le chômage.
Oui, interdire les licenciements !
Mme Bugraff, M. Ruquier, M. Moix et compagnie... être licencié, ce n’est pas drôle, c'est une vie fragilisée, précarisée, voire brisée...
Pour le NPA et son candidat Philippe Poutou, la première chose que devrait faire un gouvernement répondant aux besoins sociaux serait de permettre à toutes et tous de travailler, en partageant le travail. Pour cela, il faut réduire le temps de travail, à 32h hebdomadaire avec embauches et sans perte de salaire. L’emploi doit être posé comme un droit social, et oui pour cela, il faut mettre hors la loi le licenciement, en instituant la pérennité du contrat de travail, au-delà des changements de poste ou de qualification, un contrat de travail sous la responsabilité totale de l’employeur, de la branche professionnelle ou du patronat local, au-delà des aléas de telle ou telle activité. C'est enfoncer un coin décisif dans la propriété privée des moyens de production, dans le pouvoir du patronat.
Mais pour entendre cela, il faut peut-être s'affranchir de quelques barrières sociales. Il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre...
Sandra Demarcq