Décidément, drôle de campagne présidentielle... Les trois candidats qui occupent le plus l’espace médiatique – Fillon, Le Pen, Macron – sont les trois plus grandes fortunes des prétendants à l’Elysée !
Fillon est embourbé jusqu’aux épaules dans toutes ses affaires, Le Pen doit rembourser 340 000 euros au Parlement européen pour des emplois fictifs. Et pendant ce temps-là, Philippe Poutou, ouvrier dans l’automobile, quasiment absent des grands médias, peine à obtenir les 500 parrainages.
Des candidats bien insérés dans le système
Les révélations sur Fillon et ses petits arrangements familiaux avec l’argent public ne doivent pas masquer le fait qu’il a aussi touché énormément d’argent de grandes entreprises par le biais de sa société « de conseil », 2FConseil, notamment 200 000 euros de la part d’Axa, entre 2012 et 2014, alors qu’il était député. Quels « conseils » a-t-il ainsi délivré pour cette belle somme à l’ancien PDG d’Axa, Henri de Castries, qui soutient désormais Fillon, le candidat de la casse de la Sécurité sociale... au grand bénéfice des assureurs privés ?
Ce petit monde des affaires et de la politique se connaît, se côtoie en permanence, se rend service mutuellement. Ce n’est pas Macron, qui est devenu millionnaire lors de son emploi de conseiller dans la banque Rothschild, avant d’être ministre de l’Économie, qui pourrait contester de pareilles pratiques. Et ce n’est pas non plus Marine Le Pen, elle aussi millionnaire car riche héritière de la fortune familiale, plus ou moins bien acquise par son père au gré des amitiés politiques, qui va renâcler à de telles pratiques.
Légales ou pas, des mœurs révoltantes
L’affaire Fillon, ou plutôt les affaires Fillon, ont fait ressurgir au cœur du débat politique la question des rapports entretenus par les politiciens bourgeois de tout bord avec l’argent. Qu’il soit d’origine publique et source de corruption passive ou active, d’emplois fictifs ou détournement de fonds, qu’il soit d’origine patronale et vecteur de conflits d’intérêts, l’argent fait plus que le simple bonheur de nombreux élus de la République peu scrupuleux, il gangrène l’ensemble du mode de représentation politique actuel. Comme il gangrène l’ensemble des rapports sociaux au sein du capitalisme.
Ce sont les mêmes qui accusent les plus démunis, traités d’« assistés », de « profiter » de l’argent public. Et les mêmes n’arrêtent pas de nous rabâcher que les caisses de l’État sont vides, de nous prêcher l’austérité et les sacrifices nécessaires.
Une démocratie bien fictive
La corruption, les affaires, le détournement de fonds publics, ne datent pas d’aujourd’hui, et ne sont pas le fait d’un seul bord politique. Tout cela serait impossible si les éluEs, à tous les niveaux, devaient rendre des comptes régulièrement, en cours de mandat, à la population. S’ils étaient « révocables » par celles et ceux qui les ont élus.
Le cumul des mandats, l’accumulation sur de nombreuses années de mandats successifs favorisent cette culture d’impunité pour celles et ceux qui font « carrière » en politique. Et y aurait-il autant de candidats si l’indemnité versée aux élus était limitée au salaire médian dans le pays ? Des questions que posent le NPA et son candidat Philippe Poutou.
Un candidat avec une fiche de paye
Philippe Poutou est un salarié, un travailleur dans une usine automobile. Il vit de son salaire, uniquement, et comme beaucoup de celles et ceux qui vivent de leur travail (ou qui en sont privés), il boucle parfois difficilement ses fins de mois. Il est loin du monde des Fillon, Macron, Le Pen qui sont nés avec une cuillère dorée dans la bouche, ou qui se sont enrichis dans le monde des affaires, ou ont profité de leurs postes politiques pour s’enrichir encore plus.
C’est un militant syndicaliste qui défend au quotidien ses collègues au travail, et qui lutte au coude à coude avec eux depuis des années contre la fermeture de l’usine Ford de Blanquefort. C’est un militant politique, pour qui faire de la politique n’est pas une occasion de s’enrichir mais la meilleure façon de comprendre ce monde capitaliste, injuste et barbare, pour mieux le combattre et le renverser, en défendant le projet d’une autre société débarrassée de la misère et de l’exploitation. Ce sont ces idées, les siennes et celles des militantEs du NPA, que nous voulons pouvoir défendre à l’occasion de cette campagne.
Marie-Hélène Duverger