Alors que le budget concocté par Barnier avait fait l’objet de nombreux amendements à l’Assemblée nationale, il est désormais revenu, le 25 novembre, dans sa version initiale devant le Sénat. Selon le rapporteur général de la commission des finances, Jean-François Husson (LR), « on est dans la grande urgence ».
Pourtant, le Sénat ne devrait pas voter le projet de loi de financement tel que le gouvernement l’a conçu. Près de 2 000 amendements sont au menu, issus pour partie des débats à l’Assemblée. Et les négociations entre les sénateurs, majoritairement issus du centre et de la droite, et le gouvernement battent leur plein.
Tractations au Sénat
Le Sénat veut notamment préserver les collectivités locales et faire baisser les coupes prévues de 5 à 2 milliards d’euros. Ce que le gouvernement avait commencé à envisager sous l’effet de la grogne des éluEs locaux, en procédant l’atténuation des coupes de 0,5 point pour les départements le 15 novembre. Quand 70 % des budgets des départements sont des missions sociales (aide sociale à l’enfance, AAH, RSA…), c’est une dégradation majeure des services publics qui s’annonce.
Autre sujet sur la table cette semaine : la taxe sur l’électricité serait abaissée finalement, tandis que celle sur le gaz, augmentée ! Un effet de vases communicants sans effet réel. Les coupes sont là même si le gouvernement Barnier essaye de négocier chaque millier d’euros.
Si le gouvernement continue de privilégier tout ce qui peut sauver « la compétitivité » et de détruire ce qu’il reste aux classes populaires pour ne pas sombrer, il doit aussi composer avec la volonté des sénateurs de ramener les suppressions de postes dans l’Éducation nationale de 4 000 à 2 000. Le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, contraint, explique que le déficit pourrait dépasser la barre fatidique des 5 % du PIB…
Sur le plan de la santé, pas de petit recul prévu. Baisse de la prise en charge des consultations médicales et des médicaments, report de l’augmentation des pensions des retraitéEs, augmentation des jours de carence dans la Fonction publique sont toujours à l’ordre du jour. Ces mesures vont continuer d’appauvrir et de dégrader les conditions de vie des plus fragiles et tirer l’ensemble du salariat vers le bas.
Licenciements
Ce budget, qui est un énième coup de massue contre les classes populaires, s’inscrit dans une situation où le patronat jette des milliers de personnes à la rue. Il est d’autant plus criminel socialement qu’il vient s’ajouter à l’offensive du patronat qui, pour maintenir ses profits dans le cadre de la concurrence mondiale, a engagé une véritable saignée dans l’emploi industriel.
Depuis le début de l’année, 150 000 emplois directs et indirects ont été supprimés, et cela va continuer. Des plans de licenciements qui ont lieu dans des secteurs parfaitement rentables, gavés d’argent public : 500 millions d’euros de crédit impôt compétitivité emploi pour Auchan entre 2013 et 2018.... Après Vencorex, Airbus, Michelin et tant d’autres, c’est au tour d’Arcelor Mittal d’annoncer la fermeture de deux sites à Reims et Denain, condamnant 135 personnes au chômage.
Mobilisation générale !
Les logiques parlementaires ne suffiront pas, ni contre le budget d’austérité, car il existe un arsenal législatif qui permet l’application du budget précédent sous forme de « loi spéciale », permettant une gouvernance par ordonnances et la mise en place d’un gouvernement technique, ni pour maintenir et reconvertir les emplois.
Les batailles locales qui viennent de commencer doivent pouvoir s’unir. Dans la fonction publique, une large intersyndicale appelle à une journée de grève le 5 décembre. Sur le front de la défense de l’emploi, la journée nationale appelée par la CGT le 12 décembre doit permettre de faire converger les résistances. Dans la SNCF la mobilisation continue avec l’appel à une grève reconductible à partir du 11 décembre. Et pour défendre également les travailleurEs sans-papiers, menacés par les politiques de plus en plus répressives, nous serons également dans la rue le 14 décembre.
Pour faire de ces échéances un succès nous avons besoin de mettre toutes nos forces dans la bataille. Le NPA a interpellé les organisations du mouvement ouvrier pour agir conjointement face à la vague de licenciements et de suppressions d’emploi. Une telle mobilisation unitaire, comme celle qui s’est constituée en juin autour du Nouveau Front populaire, est plus que jamais nécessaire pour faire reculer le gouvernement, le patronat et l’extrême droite et imposer des mesures d’urgences sociales et écologiques.
Fabienne Dolet